Les amis de Guillaume Budé - Le catalogue latin de Robert Estienne

Texte :

Cette chronique  raconte la vie des Classiques à la Renaissance. Des contemporains de l’humaniste Guillaume Budé (1467-1540) permettent de voir comment l’Antiquité alimente la culture, la pensée et la langue de l’époque. Hommage à l’ancêtre du Gaffiot, l’imprimeur Robert Estienne est le premier invité des Amis de Guillaume Budé. Sa devise : « Noli altum sapere, sed time », c’est-à-dire « ne t’élève point par orgueil, mais crains ». 
 

Parmi les livres imprimés par Robert Estienne, nous avons déjà vu ceux de Guillaume Budé et les dictionnaires proposés par l’imprimeur. Aujourd’hui nous allons explorer le catalogue latin de Robert Estienne.

Comme les dictionnaires le laissent à penser, l’imprimeur s’intéresse à la langue latine aussi bien qu’à la littérature. C’est pourquoi nous trouvons des grammaires latines parmi ses publications, et ce, dès 1526, première année où Robert Estienne est à la tête de l’imprimerie familiale. Il publie en effet la Grammatica latina de l’humaniste Philippe Melanchthon (1497-1560). Cette grammaire sera réimprimée à de nombreuses reprises par Robert Estienne au cours des années suivantes.

Image :

Page de titre d’une réédition de la Grammatica latina de Melanchthon (1539). Source : University of Illinois Urbana-Champaign - Archive.org.

Image :

Page de titre de l’édition de 1549 des Déclinaisons etc. Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-X-1803 - Gallica.

Celui-ci publie aussi Les Déclinaisons des noms et verbes que doibvent sçavoir entièrement par cueur les enfans ausquelz on veult bailler entrée à la langue latine.

Relevons maintenant quelques auteurs antiques publiés par Robert Estienne.

Plaute (vers 254-184 avant J.-C.). L’auteur est souvent imprimé par Robert Estienne, et sous différents formats : en 1529, un recueil de comédies, que nous retrouvons en 1530. Cette année-là, Robert Estienne propose des Sententiae et proverbia tirés des comédies de Plaute et Térence. Ce type de recueil est fréquemment publié avec plus ou moins d’auteurs cités.

Un recueil de 1529 attire notre attention : il rassemble des œuvres de plusieurs auteurs. Le livre X de la correspondance de Pline le Jeune (vers 61-113) est publié avec le De viris illustribus. Cet ouvrage « Sur les Hommes illustres » a été attribué à tort à Pline le Jeune par Alde Manuce, qui en est l’éditeur en 1508 en Italie. La Vie des douze Césars de Suétone (vers 70-130) accompagne le texte « Sur les grammairiens et les rhéteurs ». L’ensemble est associé le Livre des prodiges de Julius Obsequens. Plusieurs éditions suivront, bien souvent sans « Epistolarum libri X ejusdem Panegerycus Trajano principi dictus ». Antoine-Augustin Renouard, auteur des Annales de l’imprimerie des Estienne (1843), précise que « l’opuscule De viris illustribus porte un titre exprès et se vendait aussi séparément ».

Image :

La page de titre de l’édition de 1533 : C. Plinii Secundi Novocomensis de viris illustribus liber. Suetonii Tranquilli de claris grammaticis et rhertoribus liber. Julii Obsequentis prodigiorum liber imperfectus. Source : Abebooks.com

Image :

Notice de l’édition d’Horace en 1544 par Robert Estienne dans les Annales de l’imprimerie des Estienne. Source : Books.Google.

Cette pratique de vendre une partie d’un volume séparément semble courante, nous en avons un autre exemple (parmi d’autres) avec l’édition d’Horace en 1544. Ces petites éditions étaient probablement destinées à un public d’étudiants.

Image :

La page de titre de P. Virgilii Maronis Opera (1532). Source : picclick.com.

Virgile (70-19 avant J.-C.). L’édition de 1532 fait date, car ce volume de Virgile est « imprimé en beaux caractères neufs ». Cette « édition élégante et soignée » – d’après Renouard – comprend des commentaires de Servius, grammairien du IVe siècle.

Image :

Une page des œuvres de Virgile imprimée avec les nouveaux caractères (1532). Source : picclick.com.

Ce ne sont pas les seuls auteurs latins publiés par Robert Estienne, nous aurions pu citer Caton, Ovide, Jules César ou Juvénal, mais nous avons choisi de relever quelques éditions seulement. Nous avons volontairement fait l’impasse sur deux auteurs majeurs et de la littérature antique et du catalogue latin de Robert Estienne : Térence et Cicéron. Rassurez-vous ils feront chacun l’objet d’une chronique ! « Noli altum sapere, sed time ».

Dans la même chronique

Dernières chroniques