Les Classiques pour tous

28 avril 2015
Texte :

Image : Amis des Classiques, le mythe d’Orphée nous apprend à ne pas regarder en arrière.
 

Une réforme est passée, aux enseignants de redoubler d’imagination pour que le latin et le grec ne tombent pas dans l’oubli. Ce ne sera pas la première fois que les classiques devront être innovants : à force d’avoir à pâtir d’une réputation de matière poussièreuse, ceux qui l’enseignent ont pris le pli de faire le ménage et de faire preuve d’inventivité, voire d’héroïsme, comme nous le raconte sur ce site Pauline Lejeune. L’apprentissage des langues anciennes est transformé en chimère ? Bellérophon a triomphé de la Chimère.


Juvenes Galli, collégiens, il vous est promis « l’excellence pour tous ». En effet vous allez devoir être plus malins que vos parents non seulement pour être à l’aise dans votre monde, mais surtout pour accepter de perdre du temps. Imaginons. Vous êtes adulte à présent : dans votre voiture électrique vous sortez des embouteillages centripètes du début de journée, lorsque votre médecin vous demande de venir au plus vite car votre compagne doit subir une césarienne ou votre petit dernier une appendicectomie : vous ne comprendrez pas tout de suite. Certains d’entre vous, après le lycée se sont lancés dans des études longues, de médecine, de physique, de mathématiques, de droit, de botanique, d’histoire, de géographie, de philosophie, de sciences sociales, d’histoire de l’art etc. : ils se souviennent des heures passées à s’approprier en plus du reste un vocabulaire dit « savant ». L’ironie est que pour des latinistes et des hellénistes, ces mots ne sont pas compliqués. Leur sens est clair.
 

C’est une grande force que donne l’étude des langues anciennes, comprendre sa langue de l’intérieur et simplifier les choses. Elle permet aussi d’être inventif et de créer à son tour de nouveaux mots correspondant à de nouvelles situations ou à de nouveaux objets. Sans évoquer la multitude des marques qui tirent leurs noms de la mythologie, rappelons juste que nous devons le terme d’ordinateur à Jacques Perret, traducteur de Virgile. Deux mots enfin sur la traduction des langues anciennes. S’exercer à la version grecque ou latine, c’est pousser son esprit à aller vers celui d’un autre avec lequel par ailleurs il est impossible de dialoguer, à éprouver ces points communs et ces différences. C’est un type de communication rare et sans doute difficile, mais il est une école de tolérance, de modestie, de curiosité intellectuelle et d’esprit critique.
 

Collégiens, amis des Classiques, d’un environnement labyrinthique et confus, soyons les Thésée et les Ariane !