Rhyton, la mascotte de La Vie des Classiques

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Voici Rhyton, le singe bleu de La Vie des Classiques. Nous l’avons choisi pour mascotte parce qu’il est malin, mignon et malicieux, mais aussi en raison de son histoire. Rhyton ne les fait pas, mais il a plus de trois mille ans.

Il est né aux alentours de 1500 avant notre ère, de l’imagination fertile d’un artiste de Santorin. Jadis, durant la période dite « minoeene » (par référence au roi Minos), on trouvait de tout sur Santorin : de l’huile, du safran parfumé, de magnifiques palais, des vins raffinés, servis dans des rhytons somptueux, ces coupes en forme d’animaux, de l’amour, de l’aventure et même du mystère. En effet, si l’île jouissait de tout l’archéoconfort possible, elle n’abritait pas de singe : dans ce paradis perdu, nulle trace de ouistiti, gorille, babouin, sapajou, pas le moindre poil de singe laineux, ni de nuit ni non plus de singe bleu. Cependant, sur les murs cossus des palais, s’épanouissent une faune et une flore idyllique, faites de figuiers aux feuilles ondulées, de dattiers, de papyrus et de safran, de lièvres de mer, d’antilopes, de dauphins et même de griffons, avec, au loin, un fleuve merveilleux, des jeunes femmes aux poitrines dénudées et des pêcheurs avec des poissons bien frais. Bref, le locus amoenus comme les poètes l’ont rêvé.

photo Yann Forgetphoto Yann Forget

Que s’est-il passé?

Si l’on en croit la dendrochronologie (la datation à partir des écorces d’arbre), c’est au XVIIe siècle avant J.-C. que le volcan de Santorin aurait explosé, provoquant une série de raz de marée et de nuées ardentes qui bouleversa l’équilibre de la région. Certains historiens et archéologues ont estimé que ce tohu-bohu cataclysmique était à l’origine du mythe de l’Atlandide (voir l’excellent ouvrage de Pierre Vidal-Naquet)

Des cinéastes y ont vu un filon d’une adaptation aussi mythique que catastrophique

Si aujourd’hui Rhyton et ses camarades sont dorlotés au Musée d’Athènes, il n’en a pas toujours été ainsi. Après l’éruption, Rhyton et Cie, ensevelis sous la cendre, ont attendu pendant des siècles, jusqu’à ce qu’un français, Ferdinand André Fouqué, plante ses instruments de géologue dans la vallée d’Akrotiri, à la fin du XIXe siècle. Membre de l’expédition en vue de la construction du canal de Suez, il cherchait de la pierre ponce, il trouva des tessons cycladiques, en fut sans doute fort déçu, mais signala sa découverte. Deux guerres passèrent encore jusqu’à ce que singes, griffons et cueilleuses de safran sortent de terre, à la fin des années 1960, grâce à la ténacité d’un archéologue, Spyridon Marinatos. 

Rhyton est, comme toutes les découvertes archéologiques, le fruit de tant de hasards qu'il inviterait presque à croire au miracle : ce vieux petit singe à qui l’on n’apprend plus à faire des grimaces, ce survivant cacochyme et patient, qui, après des millénaires d’attente et d’interminables catastrophes n’a rien perdu de son lustre ni de sa joie de vivre, ce petit singe méritait bien une coupe !

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Merci à Julia Malye pour ses recherches iconographiques

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