Anthologie – Carmen Pythagorae (Ovide)

29 mars 2022
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Image : Couverture d'Ovide, Métamorphoses
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L’édition 2022 du Printemps des poètes, qui permet la rencontre d’œuvres et de mots du monde entier et de toute époque, a pour thème l’éphémère : « Plus vaste que l’antique Carpe Diem et plus vital aussi, l’éphémère n’est pas qu’un adjectif de peu d’espoir. C’est un surcroît d’urgence, de chance et de vérité. » C’est à cette occasion que La Vie des Classiques vous propose de lire un célèbre passage tiré du discours de Pythagore au chant XV des Métamorphoses d’Ovide.

Omnia mutantur, nihil interit ; errat et illinc
Huc venit, hinc illuc et quoslibet occupat arbus
Spiritus eque feris humana in corpora transit
Inque feras noster nec tempore deperit ullo ;
Utque novis facilis signatur cera figuris
Nec manet ut fuerat nec formas seruat easdem,
Sed tamen ipsa eadem est ; animam sic semper eandem
Esse, sed in uarias doceo migrare figuras.
Ergo (ne pietas sit uicta cupidine uentris)
Parcite, uaticinor, cognatas caede nefanda
Exturbare animas, nec sanguine sanguis alatur.
Et, quoniam magno feror aequore plenaque uentis
Vela dedi nihil est toto, quod perstet, in orbe ;
Cuncta fluunt omnisque uagans formatur imago.
Ipsa quoque adsiduo labuntur tempora motu,
Non secus ac flumen ; neque enim consistere flumen
Nec leuis hora potest ; sed ut unda impellitur unda
Vrgeturque prior ueniente urgetque priorem,
Tempora sic fugiunt pariter pariterque sequuntur
Et noua sunt semper ; nam quod fuit ante, relictum est
Fitque quod haud fuerat, momentaque cuncta nouantur.

Tout change, rien ne meurt. Le souffle de la vie,
Errant ici ou là, vagabondant, se fixe
Dans les corps à son gré, passant du fauve à l’homme
Ou bien de l’homme au fauve, et ne périt jamais.
Comme la cire en formes neuves façonnée
N’est plus ce qu’elle fut, et changeant de figure
Est la même pourtant, je professe que l’âme,
Migrant de forme en forme, est toujours la même âme.
Donc, gardez-vous, grands dieux, vaincus par votre ventre,
D’un meurtre infâme expulsant l’âme d’un parent,
De nourrir en impies votre sang de son sang !
Puisque voiles dehors le vent m’emporte au large,
Sachez qu’en l’univers il n’est rien qui soit stable,
Tout coule, toute forme est errante et mouvante,
Le temps lui-même roule en un flux éternel,
Non moins qu’un fleuve. Un fleuve ne peut s’arrêter,
Non plus l’heure légère. Une vague en pousse une,
Que derrière une presse, une autre la pressant,
Ainsi fuient les instants, toujours égaux entre eux,
Et sans cesse nouveaux. Ce qui fut n’est plus rien,
Ce qui n’était pas est, le temps se renouvelle.

Ovide, Métamorphoses, v. 165-185
Classiques en poche, Les Belles Lettres
ed. Georges Lafaye, trad. Olivier Sers

 

Et pour écouter ce même passage mis en chanson, voici la très belle proposition du groupe Tyrtarion :

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