Édito — Veni, Vidi, Brexi

27 juin 2016
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Image :  Amis des Classiques, faut-il se méfier des îles ?

Hérodote menant l’enquête en Égypte rapporte que, à en croire les Égyptiens, il est des îles capables de bouger toutes seules et que l’une d’elle aurait fui, poursuivie par le monstre Typhon. L’historien s’empresse d’ajouter que, de ses yeux (c’est-à-dire littéralement « l’autopsie »), il n’a jamais vu d’île flottante ou remuante. S’il a goûté, dans ses voyages, aux spécialités locales, Hérodote n’eut pas l’heur d’essayer le dessert tentateur dans lequel baignent les îles flottantes, celui qui est à même de briser les unions deplus de 50 ans : on ne fait pas de crème anglaise sans casser d’UE. Veni vidi brexi, comme l’aurait dit César lors de l’une de ses deux expéditions en Grande Bretagne.

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La littérature grecque et latine nous invitent à regarder d’un œil torve les îles : pour Homère, de l’île des Cyclopes à la mystèrieuse Aiaié où vit l’inquiétante Circé, jusqu’à Ithaque attendue, elles recellent autant de trésors que d’embûches. De même, la belle Sicile, sous son tapis de roses, de violettes et de temples grecs où Proserpine et ses amies font leur cueillette, abrite Hadès en personne, prêt à surgir. C’est aussi sur une île que pour certains auteurs se trouvent les Champs-Élysées et les Bienheureux.

Les îles sont ambiguës : de la solitude désirée (au singulier ou au pluriel) à l’isolement étouffant, dans l’Affaire Agathonisi le happy few paridisiaque tourne au huis-clos tragique.

Amis des Classiques, faut-il se méfier des îles ?