Cadeau de Noël n°6 : une naissance annoncée par Virgile

29 décembre 2016
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Dans son églogue dite « messianique » en raison de la lecture annonciatrice de la venue du Christ qui a pu en être faite, le poète dont les chants ont ravi l’empereur Auguste prédit la venue d’un enfant qui verra le retour de l’âge d’or, lequel s’accomplira parmi les volutes d’une végétation luxuriante et dans une floraison spontanée de toute chose.

IL EST NÉ LE DIVIN ENFANT

Muses de Sicile, élevons un peu le sujet de nos chants ; tous n’aiment pas les vergers et les humbles tamaris : si nous chantons les bois, que les bois soient dignes d’un consul.

Le voici venu, le dernier âge prédit par la prophétie de Cumes[1] ; la grande série des siècles recommence. Voici que revient aussi la Vierge, que revient le règne de Saturne ; voici qu’une nouvelle génération descend des hauteurs du ciel. Daigne seulement, chaste Lucine, favoriser la naissance de l’enfant qui verra, pour la première fois, disparaître la race de fer, et se lever, sur le monde entier, la race d’or[2] ; (…)

Cependant, comme premiers cadeaux, enfant, la terre, sans culture, te prodiguera les lierres exubérants ainsi que le baccar, et les colocasies mariées à l’acanthe riante. Spontanément, les chèvres ramèneront au logis leurs mamelles gonflées de lait, et les troupeaux ne redouteront pas les grands lions ; spontanément, ton berceau foisonnera d’une séduisante floraison. Périra le serpent, et la perfide plante vénéneuse périra ; partout poussera l’amome assyrien.

Bucoliques IV, 1-25


[1] C’est en ce lieu situé près de Naples, que la Sibylle rendait ses oracles.

[2] Référence au « mythe des races » tel qu’exposé par Hésiode dans les Travaux et les Jours.