Entretien idéal avec Robert Delord

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Suite à la parution de Mordicus, La vie des classiques vous propose un entretien exclusif avec Robert Delord.

Comment vous présenter ?

Pour résumer, on peut dire que je suis enseignant de Lettres Classiques en collège et président de l’association Arrête Ton Char. Curieux éclectique et passionné à tendance hyperactive, j’ai toujours mille projets en cours dont la plupart ont pour objectif la promotion des Langues et Cultures de l’Antiquité auprès des scolaires (de l’école primaire au lycée général et professionnel) et du grand public.

Même si j’ai beaucoup d’admiration pour le monde grec et sa culture, je suis latiniste de cœur et grand amateur des poètes élégiaques latins. Depuis une quinzaine d’années, je me suis spécialisé dans l’étude des références à l’Antiquité dans la culture populaire et notamment dans la publicité, le cinéma et les séries télévisées. 

Quelles ont été les rencontres déterminantes, de chair ou de papier, dans votre formation ?

Les premières rencontres déterminantes dans ma vie, je les ai faites dans le collège et le lycée en zone d’éducation prioritaire où j’ai fait ma scolarité. J’ai eu la chance de suivre les cours de professeurs de français, de lettres et de langues anciennes passionnés et donc passionnants. Monsieur Dunand et Madame Larcher ont su me donner dès le début du collège le goût de la lecture et de l’écriture. Au lycée, Madame Mauris m’a initié au plaisir et à la rigueur intellectuelle de l’analyse littéraire. Madame François et Monsieur Constantin m’ont fait découvrir la beauté et la vivacité des langues dites mortes. Les talents de conteur et d’orateur accompli de ce dernier, sa voix de Stentor à la diction parfaite et sa prodigieuse érudition m’ont profondément marqué. A l’université Lumière Lyon 2 où j’ai poursuivi mes études, j’ai été d’autant plus impressionné par mes professeurs de latin et de grec que, déjà à l’époque, le fossé entre le lycée (d’autant plus en REP) et le supérieur était déjà immense. Pour moi ces professeurs aux profils très variés étaient de véritables puits de science et je dois beaucoup, pour ma formation intellectuelle à Guy Sabbah, Jean-François Berthet, Frédéric Biville, Fabrice Poli, Pascale Brillet, Georges Rougemont, Anna Orlandini, que je remercie grandement. Le hasard a fait que, ces dernières années, j’ai retrouvé certains d’entre eux sur mon parcours avec plaisir et émotion.

Je me souviens très bien de mes premiers cours, dans les magnifiques bâtiments de l’université, sur le Quai Claude Bernard, et notamment celui de Monsieur Colin, à la physionomie de sénateur romain, qui, debout face à ses étudiants de première année, lisait à voix haute de longs extraits des comédies de Plaute, dans le texte, comme si nous n’étions pas là. Il s'esclaffait à chaque bon mot de l’auteur et finalement s’arrêtait, nous regardait en nous disant : “c’est vrai, j’oublie que vous ne lisez pas le latin dans le texte”. Avec le recul, je crois qu’il m’a donné envie de relever ce défi.

Et puis j’ai eu la chance, vers le début de ma carrière, de croiser Pascal Charvet, aujourd’hui en charge de la mission de valorisation des Langues et Cultures de l’Antiquité auprès du ministre de l’éducation. En l'écoutant et en échangeant avec lui, vous ne pouvez qu’être contaminé par son enthousiasme et sa persévérance pour la diffusion de la culture et des langues anciennes auprès du plus grand nombre.

Pour ce qui est des rencontres de papier, mes écrivains fétiches n’ont pas changé depuis le lycée : Voltaire et Vian, les deux pour leur maîtrise virevoltante de la langue, le premier pour son style et son ironie grinçante et le dernier pour son étourdissant parcours de touche-à-tout et son grain de folie qui touche au génie.

Quelle a été votre formation intellectuelle?

J’ai commencé le latin en cinquième, à une époque où l’initiation à la langue de Cicéron était encore obligatoire. Autant dire que le cours de latin obligatoire pour tous les élèves, dans un collège d’éducation prioritaire, était pour le moins folklorique. Sans être le pire élève de ma classe, je n’étais pas non plus un élève modèle. J’ai pourtant poursuivi cet enseignement jusqu’en troisième, de mon propre chef, avec des lacunes importantes en grammaire. J’ai commencé le grec seulement en seconde et l’ai conservé jusqu’au bac, conjointement avec le latin. Je fus en 1995, un des rares candidats à passer à la fois le grec ancien et le latin en LV2 à l’écrit, soit six heures d’épreuves écrites de langues anciennes le même jour, un vendredi, alors que pratiquement tous mes camarades en avaient fini avec le bac. 

A l’entrée dans le supérieur, j’ai hésité entre la nouvelle grande école de publicité qui venait d’ouvrir à Lyon et la fac de lettres. Hésitation de courte durée puisque l’école en question était privée et payante. J’ai donc pris le chemin de l’université Lumière Lyon 2 où j’ai suivi tout mon cursus (à l’époque, deug, licence, maîtrise) avant de passer le concours de recrutement de l’éducation nationale. Pour mon année de maîtrise, j’ai choisi de travailler sur un énorme corpus de plusieurs milliers de vers de poésie latine pour étudier le geste du “Baiser chez les poètes élégiaques latins”. Pour mon plus grand bonheur, Guy Sabbah, mon professeur de latin pourtant plus spécialiste des pères de l’Eglise que des élégiaques latins, a accepté d’être mon directeur de mémoire parce qu’il trouvait le sujet original. Même si “accoucher” des 254 pages de ce mémoire ne fut pas une sinécure, le fait de disposer d’un peu plus d’un an pour approfondir un sujet qui n’avait jamais été traité reste mon meilleur souvenir d’étudiant.

Une fois le capes de Lettres Classiques en poche, j’ai demandé une année de report de stage afin de travailler, entre 1999 et 2000, à la création du site Internet de la filière Lettres Classiques de l’université Lyon 2, “Bibliotheca Latina Lugudunensis”, le premier site que je créais, bien avant Latine Loquere et Arrête Ton Char.

Quel a été le premier texte latin et grec que vous avez traduit/lu? Quel souvenir en gardez-vous ?

Je ne sais pas si c’est réellement le premier texte que j’ai traduit, car à l’époque où j’ai commencé le latin au collège, on pratiquait encore la traduction de textes latins “au kilomètre”, de façon un peu mécanique. Mais le premier texte latin qui m’ait marqué est sans doute l’Art d’aimer d’Ovide et notamment un passage, dans le premier livre, lorsqu'Ovide explique où trouver des jeunes femmes à Rome et comment s’y prendre pour les approcher. En effet, au milieu de tous les récits de bataille de la Guerre des Gaules et de tous les périples du voyage d’Enée, les conseils pratico-pratiques d’Ovide, docteur ès amours, ont évidemment attisé la curiosité de l’adolescent que j’étais. Rétrospectivement, je pense que j’avais trouvé fort intéressants et modernes les conseils du poète en matière d’approche tant physique (profiter du manque d’espace dans les gradins du cirque pour s’approcher de la belle ou ôter le sable qui se dépose sur sa robe) que psychologique (toujours choisir d’encourager la même équipe de cochers qu’elle) pour séduire la femme aimée.

Pourquoi avoir choisi l’enseignement? Comment est née la passion? Et comment avez-vous « entretenu la flamme »?

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être enseignant. Ma mère a été institutrice puis directrice d’école maternelle. Elle ne m’a jamais poussé vers ce métier que j’ai choisi moi-même, mais je pense qu’inconsciemment il devait y avoir une part de reproduction familiale. D’ailleurs, jusqu’à la fac je me destinais à enseigner en petite section de maternelle (ma mère enseignait en grande section) et j'ai effectué mon stage en entreprise de troisième à l’école maternelle.

Après quatre années de spécialisation en langues anciennes à l’université, je me suis dit qu’il fallait tout de même que toutes les connaissances que j’avais engrangées jusque-là puissent servir à mes futurs élèves et je me suis donc finalement dirigé vers l’enseignement secondaire. 

La passion de l’enseignement tient à mon avis à la passion que l’on a pour sa discipline et à l’envie de la transmettre. Quelle tristesse ce doit être d’enseigner quelque chose que l’on n’aime pas ! Je ne peux même pas le concevoir. On ne peut pas, d’autant moins avec les élèves d'aujourd'hui, à la concentration de plus en plus volatile, enseigner une discipline comme on vendrait une boîte de petit pois. Il faut y mettre tout son coeur. Les élèves doivent ressentir que leur enseignant est pleinement investi et convaincu par ce qu’il leur raconte.

Je crois qu’on ne peut pas faire grand chose pour entretenir la flamme, en tous cas, il ne faut pas compter sur la hiérarchie pour s’en charger. Les seuls qui nourrissent cette flamme ce sont les élèves et ce qu’ils vous renvoient quand vous les avez accompagnés un moment dans leur scolarité, que vous les avez guidés aussi loin que vous pouviez vers la connaissance et la culture, que vous avez partagé avec eux un voyage à Athènes ou à Rome.

Qu’est-ce qui pourrait vous faire baisser les bras ?

La seule chose, je pense, qui pourrait me faire baisser les bras, serait de ne plus voir arriver chaque année dans mes classes des élèves passionnés pour l’Histoire antique, d’autres captivés par les récits mythologiques, d’autres encore dont le visage s’illumine en découvrant l’étymologie d’un mot ou en saisissant, grâce à l’étude du latin, un point de langue française qui leur échappait jusque-là. En effet, je me souviens que, déjà quand j’étais adolescent, on ne donnait pas cher de l’enseignement des langues anciennes. Depuis cette époque, déjà, on annonce que chaque nouvelle génération de latinistes sera la dernière. Et pourtant, trente ans après et malgré tous les obstacles rencontrés et mis sur leur chemin, il y a toujours de nouveaux futurs latinistes . La démocratisation de cet enseignement s’est faite et continue à se faire en s’adressant à des élèves issus de toutes les classes sociales. Si l’enseignement des langues anciennes en France doit mourir un jour, qu’il meure, mais que ce soit parce que plus personne ne souhaite les étudier, pas parce que je ne sais quel(le) idéologue aura voulu en précipiter la mort pour des raisons politiques.

Aujourd’hui, vous publiez un ouvrage, polémique, sur le latin : pourquoi ce choix?

Pas si polémique que cela, j’aurais pu décrire plus en détail la très large palette des persécutions dont sont victimes les enseignants de lettres classiques ou encore nommer certaines personnes qui censées protéger l’enseignement des Langues Anciennes, à mon avis, les poignardent dans le dos dès qu’elles en ont l’occasion. J’aurais pu évoquer les bêtes querelles de famille du microcosme des LCA. J’aurais pu parler plus longuement de ceux qui se sont compromis ou ont détourné le regard au moment de la réforme du collège. Mais cela pourrait largement donner matière à un autre livre…qui n’est pas celui que j’ai voulu écrire.

Mordicus se veut en fait plus un état des lieux qu’un livre polémique. Hasard du calendrier ou pas, mon premier livre est sorti à la rentrée ou a été mise en application la réforme du collège en 2016 et ce deuxième livre au moment où doit s’appliquer celle du lycée. C’est pour moi à chaque fois l’occasion de rappeler l’importance de l’enseignement des Langues Anciennes. 

A qui s’adresse ce livre ?

A tous. Au grand public d’abord, pour en finir avec la fausse image désuète, élitiste et réactionnaire du latin qui s’est forgée de toutes pièces. A celles et ceux pour lesquels le cours de latin se résume aux paroles au vitriol de la chanson “Rosa” de Jacques Brel. A celles et ceux qui, sur les bancs de l’école hier, pensent que l’apprentissage des Langues et Cultures de l’Antiquité n’a pas bougé d’un iota depuis leurs jeunes années.

Aux enseignants des autres disciplines, pour que certains apprennent à porter un autre regard sur la bête curieuse qu’est devenu, au fil du temps, le professeur de latin, souvent isolé dans son établissement.

Aux chefs d’établissements qui ne voient pas tous que cet enseignement de Langues et Cultures de l’Antiquité peut représenter un atout supplémentaire dans la scolarité des élèves, mais aussi une belle vitrine, preuve du dynamisme culturel de leur établissement.

Aux enseignants de LCA qui découvriront, je pense, quelques épisodes mal connus de l’histoire de l’enseignement du latin en France depuis le milieu du XIXe siècle, reconnaîtront certainement des situations dans lesquelles ils se sont eux-mêmes trouvés, et sortiront, je l’espère, de cette lecture confortés dans l’idée que leur engagement quotidien pour la cause des langues anciennes n’est pas vain.

Aux adolescents et à leurs parents qui hésitent à oser choisir l'apprentissage du latin.

La situation en France est-elle différente des autres pays européens? 

Si l’on regarde les dix dernières années, on constate que dans la plupart des pays européens, les enseignants de Lettres Classiques ont dû se battre contre des réformes qui menaçaient l’enseignement du latin et du grec. C’est notamment le cas en Belgique, en Espagne et en Grèce. Seule l’Italie est relativement épargnée du fait de la filiation directe de l’italien avec le latin. Partout en Europe, on constate cependant le développement d’une vision de plus en plus utilitariste des disciplines scolaires aggravée par la pression de l’OCDE pour faire passer chaque pays à une évaluation uniquement par compétences.

Cette situation va de pair avec un anti-intellectualisme grandissant et les deux ne font évidemment pas les affaires du latin et du grec ancien. Heureusement, par le biais notamment des réseaux sociaux, les principales associations nationales de défense des langues anciennes réussissent à échanger et se soutenir mutuellement.

Ces dernières années notre association “Arrête Ton Char !” a par exemple relayé les appels des collègues belges et espagnols.

Quel futur voyez-vous pour le latin en France ? Et pour vos élèves ?

Je n’ai pas de boule de cristal et je me garderai bien de faire des pronostics. La situation des langues anciennes en France est encore trop fragile et leur destin est trop lié à l’idéologie des personnes qui prennent les décisions en la matière. Tout est malheureusement tributaire d'une question de sous. C’est pour cette raison que les heures de latin ne sont plus financées, depuis la réforme du collège, que sur la maigre enveloppe d’heures de marge de chaque établissement, que beaucoup d’établissements n’accordent que le minimum légal d’heures d’enseignement au latin, que certains chefs d’établissement limitent arbitrairement le nombre de groupes et donc d’élèves latinistes. Offrir le latin à tous les élèves et lui rendre la place qu’il mérite dans le tronc commun de l’enseignement français dépend donc avant tout d’une véritable volonté politique et d’une prise de conscience de sa nécessité pour la prospérité de la francophonie. Ce futur dépendra de la conjonction ou non des astres de la Rue de Bercy et de ceux de la Rue de Grenelle.

Un des attraits de votre ouvrage est qu’il fait pénétrer le lecteur en classe (un bain de jouvence pour certains, une douche froide pour d’autres) : à quoi ressemblent les jeunes latinistes de 2019 ? 

Ce sont des jeunes tout à fait comme les autres. Ils ne sont pas tous “des forts en thème boutonneux jusqu’à l’extrême” comme le chantait Brel. Beaucoup commencent l’étude du latin alors même qu’ils ne maîtrisent pas les bases du français dont les horaires ont beaucoup diminué ces trente dernières années. Un certain nombre choisissent d’ailleurs d’entamer cette étude pour consolider leur niveau en français. Ce qui est le plus réjouissant, c’est que, supplanté par l’élitisme des options chinois ou japonais et autres classes à horaires aménagés musique, danse ou théâtre, le cours de latin est devenu, ces vingt dernières années, le lieu d’une belle mixité. Et quelle que soit leur origine sociale, il se crée, entre ces élèves latinistes issus de tous les horizons de la société, une joyeuse communauté d’antiquisants qui reflète toute la diversité et la richesse qui était celle de l’empire romain.

A quoi ressemble votre bibliothèque ? 

Pour être exact, il faudrait me demander : “à quoi ressemblent vos bibliothèques ?”. Malgré plusieurs déménagements, je n’arrive pas à me séparer de mes livres, ils m’ont toujours suivi partout. Pas plus tard que le mois dernier, j’ai installé une nouvelle bibliothèque avec dix mètres linéaires supplémentaires, mais c’est un travail de Sisyphe, un tonneau des Danaïdes.

Après avoir lu consciencieusement un nombre important de grands classiques de la littérature française, je suis rentré depuis quelques années dans une phase où je lis surtout des essais, souvent. Mes thèmes de prédilection ces derniers temps sont la réception de l’Antiquité, les cultural studies, la pop culture et le storytelling (nda : désolé pour les anglicismes).

Quelle est la part de l’Antiquité ?

Dans le grand bureau dont j’ai la chance de disposer, je conserve tous les auteurs antiques, ma collection d’une petite centaine de Budé et autres ouvrages consacrés à l’Antiquité. Je ne me sers pas de tous, évidemment, mais j’ai besoin de savoir qu’ils sont là, tout proches. Je garde également près de moi plusieurs étagères d’ouvrages de littérature jeunesse Antiquité que je collectionne depuis quelques années, pour moi et pour mes enfants, Cassandre, Jules et Césarine. La littérature jeunesse produit beaucoup de très bons ouvrages chaque année, c’est ce qui m’a conduit à lancer, avec mon association, un Prix Littérature Jeunesse Antiquité ouvert à tous les élèves du CM1 à la 3ème (*). Un des livres préféres de ma petite dernière (11 mois) est le joli livre cartonné “Le cheval de Troie d’après Triphiodore”, de Nathalie Laurent et Soledad Bravi, publié par L’école des loisirs.

Mon bureau est finalement un peu comme une sorte de musée de l’Antiquité où se côtoient dictionnaires, précis de grammaire, catalogues de musées, essais sur l’Antiquité et autres casques romains ou reconstitutions de glaive ; n’y entre pas n’importe quel livre. Ainsi, j’ai tendance à conserver dans d’autres bibliothèques de la maison les ouvrages modernes qui ne concernent pas la période antique. Les manuels scolaires ont quant à eux une étagère réservée... à la cave.

S’il fallait retenir un enseignement de votre livre ce serait lequel ?

Nous devons avant tout faire confiance à la curiosité des enfants, à leur penchant naturel pour l’Antiquité et pour l’imaginaire qui y est lié. Il ne faut surtout pas sous-estimer leur goût des choses complexes et de ce fait tomber dans la démagogie de la simplification. Il faut au contraire, en permanence, essayer d’entretenir et d’étancher leur soif de connaissance et de culture et d’établir des passerelles entre monde antique et monde moderne qui leur permettent de mieux appréhender le monde qui les entoure et de s’y épanouir pleinement.

(*) : https://www.arretetonchar.fr/1ere-edition-du-prix-litterature-jeunesse-antiquite/

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