Traversez le mois de décembre avec les miracles des Anciens et des Modernes !
Du 1er au 24 décembre, découvrez chaque jour un extrait miraculeux d’un auteur antique ou un texte original d’un philologue moderne.
Est considéré comme un « miracle » un fait positif extraordinaire, prodigieux, qui porte à l’étonnement, à l’admiration, se produisant de façon inattendue et que l’on peut attribuer à une intervention divine providentielle. N’est-ce pas ce que Gaïa attend des Géants, face à son combat contre les dieux olympiens, une fois les Titans décimés – selon le mythe de la gigantomachie –, mais également la manière dont on peut qualifier la transmission de ce récit ? Au départ confondu par Hésiode, dans sa Théogonie, avec la Titanomachie, lui interdisant dès lors toute singularité, rien ne prédestinait ce mythe au destin qui a été le sien. Brièvement abordé par Pindare dans quelques poèmes des Pythiques, ou encore par Euripide, dans deux de ses tragédies, mais également par Platon, dans sa République, ce mythe ne connaît pas, avant l’époque impériale romaine, de systématisation littéraire. Cela signifie que sa seule transmission a reposé sur la préexistence d’un savoir oral le concernant, transmis par des poètes itinérants. Cependant, à compter de l’époque romaine, la gigantomachie bénéficie de références multiples dans les œuvres d’Ovide – illustrant la transmission du mythe au monde romain – et d’une formalisation de son récit par le Pseudo-Apollodore, mythographe, dans sa Bibliothèque. Cette renaissance miraculeuse du mythe a connu de véritables répercussions, avec l’écriture d’une Gigantomachie versifiée par le poète latin Claudien à la fin du IVe siècle de notre ère. Après la fin de l’Antiquité, le miracle ne s’est pas pour autant éteint : l’Ecloga Theoduli, œuvre chrétienne médiévale, en propose un récit comparé avec celui de la Tour de Babel ; l’humaniste bourguignon Jacques Guijon écrit à la fin de la Renaissance une Gigantomachie versifiée inspirée de l’œuvre de Claudien ; le poète français Paul Scarron écrit au XVIIe siècle un Typhon ou la gigantomachie, qu’il présente comme un poème burlesque. Telle est l’histoire de la transmission miraculeuse du mythe de la gigantomachie que son oralité aédique originelle aurait pu destiner à être perdu, alors même qu’il a connu une réécriture versifiée contemporaine au sein de la collection des Petits Latins, dans le volume intitulé De bello deorum. La guerre des dieux.