Avec pour thème "L'Éphémère", la session 2022 des Cicéronnades, concours d'éloquence destiné à mettre en valeur l'étude des langues étrangères et destiné aux élèves et étudiants, de la 5e à la 3e année d'enseignement supérieur, a vu naître de nombreux orateurs qui ont déclamé des textes en prose et en poésie, faisant raisonner la langue de Rilke, de Cortázar ou encore d'Homère. La Vie des Classiques, qui en est partenaire, vous propose de découvrir quelques prestations de latinistes et hellénistes en herbe.
Alexis Bernardino Duarte, latiniste à l'Université de Pau, a choisi de lire une lettre de Pline le Jeune.
La Vie des Classiques : Pourquoi est-ce important pour vous d'apprendre le latin ?
Alexis Bernardino Duarte : Depuis que j'ai commencé à apprendre le latin en cinquième, je le conçois non seulement comme un réservoir linguistique en soi, qui contient une musique à la fois strictement codifiée et élégamment malléable, mais aussi comme le véhicule d'une certaine vision du monde, porteur d'idées et de pensées variées qui héritent leur coloration, selon moi, de la stucture même de la langue. Je pense que le plus important dans l'apprentissage du latin, c'est le plaisir qu'on peut trouver à voir se mêler, pour la forme, une rigueur toute juridique et, pour le fond, la liberté du discours – voire le lyrisme et la musicalité. A cela s'ajoutent encore les arguments courants, qui mettent en avant l'utilité du latin, supposé améliorer l'orthographe en français et fournir plus largement une meilleure intelligence de la grammaire, auxquels j'adhère aussi en partie, mais qui ne doivent pas faire de l'ombre, selon moi, à la langue en soi, conçue non comme un moyen mais comme une fin.
L.V.D.C. : Pourquoi avoir choisi ce texte ?
A. B. D. : J'avais fait le choix de réciter l'extrait d'une lettre de Pline le Jeune, parce que d'une part ce passage formait une unité cohérente et passait pour être d'une longueur convenable (au vu du format de la vidéo) et, d'autre part, parce qu'il est surtout riche en images bucoliques et en effets phonétiques (allitérations, assonances...) : tous ces mécanismes donnent une idée de « l'éphémère », thème de cette année, de même que les descriptions exotiques et les méditations sur l'évasion et l'ailleurs. Ce choix relève aussi d'une affinité personnelle avec les lettres de Pline, en réanimant – en particulier pour le passage retenu – mon goût pour les voyages et les promenades dans la nature.