Amis des classiques, soyons terre à terre !
En faisant de Gaïa, la terre, l’origine de tout, les Grecs et les Romains nous ont instruits d’un savoir que nous essayons aujourd’hui de reconquérir et de ressentir : le respect viscéral de la nature.
À force de nous élever et de progresser grâce à la conviction que nous devions nous penser « comme maîtres et possesseurs de la nature », nous avons oublié une idée première mais non primitive : de cette nature sur laquelle nous avons pris l’ascendant au point de l’exploiter jusqu’à épuisement, nous ne sommes nous aussi que des éléments, plutôt précaires et en tous les cas dépendants d’elle et interdépendants des autres. Nous sommes des métamorphoses, momentanées, périssables, peut-être uniques.
Difficile, en effet, à nous qui sommes littéralement « hors-sol », évoluant sans contact, foulant une terre bitumée, de valoriser à sa juste mesure cet élément que nous piétinons sans savoir, et qui comporte pourtant tout notre passé et sans doute notre avenir. Cet oubli ne date pas d’hier : déjà le poète paysan philosophe Hésiode l’avait bel et bien décrit, recommandant à son frère : « N’oublie pas le temps de semer, et pour le reste que le grain sous le sol suive son destin ! » (Les Travaux et les Jours, v. 616-617)
Amis des Classiques, soyons terre à terre, soyons éléments-terre !