Amis des Classiques, on va semer, on va s’aimer?
Tous les ans au mois d’avril les Romains célébraient le retour de la belle saison, où la splendeur du printemps éclate pour donner l’espoir de riches moissons. Ces fêtes transmettent le souvenir d’une belle histoire d’amour, qui, une fois n’est pas coutume ne se termine pas trop mal : elles racontent les belles retrouvailles d’une mère et de sa fille, lorsque Proserpine revient des Enfers, et que Cérès accepte de lever le deuil et la famine qui menaçait à la fois les hommes et les dieux.
La déesse des cultures décide en représailles la grève générale, paralysant le pays et prenant les dieux en otage en les privant d’offrandes. La déesse n’a rien d’une révolutionnaire, mais c’est le seul moyen de faire ployer Jupiter afin de permettre à sa fille de sortir des Enfers. En d’autres termes, Jupiter sème le vent et les hommes récoltent la colère de la déesse.
L’histoire, touchante et terrifiante à la fois, est racontée, entre autres, dans les Hymnes homériques ainsi que par Ovide. Mythe discret, secret même si on pense aux mystère d’Eleusis, il est pourtant extrêmement fertile. Dans sa partie sombre, il inspire Claudien, qui lui consacre son magnifique poème Le Rapt de Proserpine, Lully, Stravinsky, Saint-Saens et même Dead Can dance, le Bernin, Rosetti etc…
Il symbolise aussi la maturation discrète du grain dans le sol, qui laisse la place au printemps et à la floraison. Tous les ans, il refleurit à nouveau, nous enseignant que la renaissance annuelle des saisons, si elle est synonyme de recommencement, n’est jamais une répétition.
Allégorie parfaite de la puissance des mythes, l’amour de Déméter et de Perséphone nous renvoie à notre quotidien. Il fait résonner le scandale d’une fille mariée de force et la nécessité de semer dès aujourd’hui les roses que nous cueillerons demain.
Amis des Classiques, qu’avons-nous semé, et qu’allons nous récolter?
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