« Trois convives repas, neuf convives fracas! » : comme aujourd’hui ce proverbe latin - le nombre étant parfois porté à sept - résonne juste à nos oreilles ! Même les plus solitaires et les plus austères se prennent à rêver à la douceur de se retrouver ensemble à table.
Pourquoi ? C’est qu’à table nous partageons autre chose que le pain, nous partageons le présent, « la substance de l’instant », τὴν ἐξαίφνης φύσιν, comme la définit Platon qui, en matière de Banquet, est sans conteste un maître. Il faut la chaleur des convives, leur présence — et le ventre plein — pour arriver à ne pas regarder devant ou derrière soi, obnubilés par un futur inexistant et un passé intouchable, voire à l’intérieur de soi qui, toujours, nous échappe. Nous avons besoin des autres pour être présents.
Puisque cette année nous devons revoir la convivialité à la baisse, délectons-nous de l’étonnante et foisonnante littérature autour de la table que nous ont laissée les Anciens : les Banquets, les Propos de table, les Dîners de Sage et Cènes en tout genre, les symposiaka ou sympotika, comme disaient les Grecs, la cena comme l’appelait les Romains. Car à la table des Anciens, tout arrive : on y mange, on y boit, on y rit, on y crie, on y aime, on y pleure, on y pense, on y tue, en un mot, on y vit, mortels comme immortels. Avec eux, nous partageons cette passion commune de la table mais, à notre différence, ils nous ont laissé des textes admirables pour la goûter par les mots.
Amis des Classiques à table, à la table des mets et des mots de l’Antiquité !