« Avant la terre n’avait qu’une seule couleur » murmure la belle Flora à l’oreille du poète Ovide. Grâce à elle la diversité des fleurs et aussi des mythes qui y sont associés ont éclos sur le monde. Mais avec la triste hyacinthe et l’orgueilleux narcisse, la déesse a aussi semé la discorde car rien n’est si divers que la façon de percevoir les couleurs et de les exprimer.
Casse-tête des traducteurs, l’exemple canonique est la teinte de la mer homérique. Rouges de honte ou verts de rage, ils s’avouent vaincus et choisissent un pis-aller, faisant de la rauque chanteuse une étendue tantôt violette, tantôt lie de vin ou vineuse et tantôt pourpre. Avec la bienveillance et l’intelligence si caractéristiques de La Langue géniale, Andrea Marcolongo en évoque toutes les nuances, et réussit le tour de force de nous faire comprendre qu’une réalité peut être intraduisible et pourtant compréhensible.
Mais une question reste en suspens : pourquoi l’Iliade et l’Odyssée, comme tous les livres grecs de la collection des universités de France, sont jaunes ?
De gustibus et coloribus non disputandum, des goûts et des couleurs, Amis des Classiques, il ne faut pas disputer mais comme il est beau d’en discuter !
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