Amis des Classiques interrogeons l’oracle de la mer !
La mer est un miroir qui nous dit le futur et le passé, et caresse le présent.
Les aller-retours incessants des vagues et du ressac, qui échappent (encore) au calcul, miment ceux de la pensée. Ils nous invitent à la rêverie et à la réflexion parce qu’ils nous éloignent et nous ramènent à nous-mêmes inlassablement. Sans doute est-ce pour cette raison que les créatures marines de la mythologie, les joyeux Tritons et les belles Néréides, les enfants de Nérée, étaient tous dotés de pouvoirs oraculaires. C’est ainsi que, chez Homère, le Vieux de la mer, aux cheveux d’écume, instruit Ménélas du terrible avenir des Atrides ou que Thétis, la mère d’Achille sort de l’onde pour supplier Zeus.
Si pour nous la mer est synonyme de plaisirs, des baignades et des jeux, si elle nous projette dans les souvenirs des vacances enfantines, vécues ou idéalisées et nous promet un avenir à l’horizon idyllique, la mer antique était surtout synonyme de dangers, de périls réels aussi effrayants que les monstres imaginaires qui leur correspondent. C’est plutôt la misère qui poussait les Anciens vers le rivage. Une maxime du poète Théognis nous invite à ne pas l’oublier : « on doit pour fuir la pauvreté, se jeter dans la mer aux vastes cétacés ». N’oublions pas cette parole au moment où elle prend à nouveau une triste actualité, quand des malheureux se jettent dans la Méditerranée tandis que d’autres, sur le rivage, se badigeonnent d’écran total.
Amis des Classiques, écoutons l’oracle de la mer antique : il nous berce mais nous invite aussi à ne pas nous bercer d’illusions.
Ulysse et les sirènes |
Une coquille de noix sur la mer |