Amis des Classiques, musardons !
Heureuse langue latine qui nous fait entendre bien à propos que l’otium, le loisir, précède le negotium, le temps du travail. Qu’est-ce que le travail ? La négation du loisir. C’est une belle chose à penser quand la plupart d’entre nous est ou revient tout juste de vacances.
Mais cet otium, pilier social d’un des plus grands empire de l’histoire (avec nos 35h nous ne sommes même pas des amateurs), est ce qu’on appelle un « mot culturel » : partant, il n’est pas si facile à saisir. L’oisiveté étant devenue la mère de tous les vices, il n’est plus possible de choisir ce mot, qui est pourtant le dérivé du terme latin otium.
Dans l’otium, il y a la liberté : l’otium est le moment où, affranchis des contraintes professionnelles et logistiques, nous pouvons cultiver notre jardin secret (ou notre jardin tout court pour les plus fortunés). Dans l’otium, il y a la création : l’otium n’est pas « la volupté de ne rien faire » qui pousse beaucoup à la mélancolie, mais plutôt le temps que vous consacrez à ce et ceux que vous aimez. Il en reste quelque chose. Voyager, lire, marcher au rythme du flâneur ou faire du sport, écrire en secret ou discuter à la belle étoile avec ses amis et sa famille retrouvés, voilà l’otium. Dans l’otium il y a enfin la paix : otium s’oppose à militia, le service militaire. L’otium est donc le moment de faire la paix avec soi ou avec les autres.
L’otium n’est pas le début de la paresse mais celui de la sagesse. Avec l’otium vous êtes sur la première marche du souverain bien, chaque fois que vous vous dites « ça, c’est la belle vie ! ».
Amis des Classiques, sous le soleil des idées, paressons, musardons, perdons notre temps et donnons à l’otium, cette ancienne très bonne idée, une très joyeuse actualité !
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