Amis des Classiques, soyons chaotiques !
Au début, nous a raconté Hésiode immortellement, il y avait le chaos, χάος en grec, qui se traduit aussi par le « vide » et que le vénérable Paul Mazon choisit de traduire par Abîme :
Donc, avant tout, fut Abîme ; puis Terre aux larges flancs, assise sûre pour tous les vivants, et Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et qui dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir. (Théogonie, 115-117)
L’étymologie n’est pas sans importance : chaos vient du verbe signifiant ouvrir, la main, la bouche comme le fait Hésiode et les aèdes après lui pour raconter son poème.
Qu’il soit considéré comme un dieu, une allégorie, un intuition scientifique ou biologique, le chaos est un cadeau car il permet au monde, par luttes, divisions, créations, de se construire. La meilleure chose que nous pouvons souhaiter, en ce début d’année, est donc qu'elle soit chaotique.
Il nous faudra bien 365 jours, et un quart, pour organiser le chaos confus des souhaits & des désirs, des bonnes résolutions révolutionnaires & des espérances secrètes propres à chaque début d’année et pour accomplir les tâches que chacun, dans son for intérieur, s’est fixées. Il nous faudra sans doute cent bras ou être de rusés titans du monde moderne pour gagner nos combats personnels ou collectifs, résister aux sirènes et aux harpies de la digitocratie, abattre des montagnes de travail et enfermer fermement des typhons de sentiments, succomber à l’amour à qui rien ne résiste, supporter la course effrénée des jours et voir les espoirs engloutis puis renaître comme l’infatigable soleil.
Amis des Classiques, soyons chaotiques, c’est la plus belle façon de commencer !
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