Amis des Classiques, soyons libres !
Nous avons fait des Grecs les inventeurs de la politique au point que c’est encore la chouette d’Athéna qui brille sur certains de nos pièces de monnaie européenne. Politique, démocratie, tyrannie, monarchie : autant de mots qui ont été forgés à partir de termes grecs, parfois forgés plus tard, via le latin ou avec des sens différents. « Politique » existe en grec sous la forme de l’adjectif πολιτικός, politikos, composé de πολίτης, le citoyen, avec le suffixe -ικός, lui-même issu de πόλις, la cité. La politique est donc ce qui concerne les citoyens. Monarchie en grec ancien se dit μοναρχία, de μόνος, seul, et ἄρχειν, commander. Tristesse du monarque qui est celui qui doit gouverner seul ! Le τύραννος grec est assez loin du nôtre. Dans les textes, le premier tyran n’est autre que Zeus ; puis, chez les Grecs, il a désigné celui entre les mains de qui le peuple remettait les pleins pouvoirs car jugé le plus à même de défendre ses intérêts (par la force armée ou les moyens financiers qu'il possédait) : ainsi, selon le mythe, la cité de Thèbes a élevé Œdipe au rang de tyran parce qu'il l'avait sauvée du monstre qui la terrorisait (la Sphinx). Dans l’histoire, Pisistrate fut trois fois tyran d'Athènes entre 561 et 528. Un tyran aujourd’hui désigne une personne autoritaire qui impose sa volonté et abuse de son pouvoir, que ce soit dans la sphère privée ou politique. Enfin, la démocratie, de δῆμος, le peuple, et κράτος, le pouvoir, est l’héritage majeur de la Grèce antique, plus précisément d’Athènes, car les autres cités grecques étaient gouvernées différemment. Si les mots sont identiques, la démocratie athénienne était pourtant très différentes de la nôtre : exclusive, elle concernait un groupe de citoyens restreints, sans en prendre en compte par exemple les femmes et les nouveaux arrivants, appelés métèques. Elle ne dura qu’une centaine d’années (de 507 à 411 avant J.-C.) ce qui nous montre sa fragilité et nous rappelle qu’aujourd’hui encore elle est sans cesse menacée.
Amis des Classiques, soyons libres, dans les mots et dans les faits!