Amis des Classiques, soyons prométhéens !
Déméter donne aux mortels le blé pour les remercier d’avoir atténué son chagrin, Dionysos le vin pour favoriser le déploiement de son culte, Athéna l’olivier pour rendre grâce aux habitants d’Athènes, mais pourquoi Prométhée donne-t-il le feu ? Ou plus exactement pourquoi le redonne-t-il, car Zeus les en a privés à la suite du partage de Mékoné. Le nouveau maître de l’Olympe, furieux de l’audace du Titan qui a essayé de le tromper en donnant aux hommes la bonne part des sacrifices (la viande) et aux dieux la mauvaise (les os et la graisse), se venge de cet acte sur les mortels en leur retirant le feu. Détail important : Zeus n’est pas dupe, il ne reproche pas à Prométhée de le tromper mais d’essayer de le tromper. Le Titan, se faisant littéralement le thuriféraire (le porteur d’encens enflammés dans les cultes) des mortels, s’empare à nouveau du feu pour le rendre aux hommes. En retour, il est attaché au Caucase, le foie en pâture à un oiseau jusqu’à ce qu’il soit libéré par Héraclès.
Que comprendre dans cet enchaînement choquant ? Que les dieux de l’Antiquité étaient injustes ? Et les hommes qui les adoraient de misérables marionnettes faîtes pour subir et souffrir leurs caprices ? Voilà une lecture d’autant plus acceptable qu’elle permet de dénigrer le paganisme. Elle n’interdit pas cependant d’y en ajouter une autre : malgré les lois et l’ordre établi, le dépassement, la liberté sont possibles même si elles sont coûteuses : en témoignent les souffrances du Titan.
Amis des Classiques, soyons prométhéens et nous aussi transmettons la flamme… qui arrive aujourd’hui à Marseille !