69, année érotique ? En tout cas, c'est une année riche en rebondissements pour l'Empire romain qui voit se succéder pas moins de quatre empereurs ! Les extraits suivants, issus des Vies de Suétone, vous retracent la première partie de l'année. Et si vous voulez savoir tout ce qui s'est passé cette année-là, il suffit de commander notre frise chronologique.
Galba
18. Dès le début de son règne, une série de prodiges spectaculaires lui avait annoncé ce que devait être sa fin. Tout le long de la route qu’il empruntait, à droite et à gauche, dans chaque localité, on immolait des victimes ; alors un taureau, affolé par le coup de hache qu’il avait reçu, rompit ses liens, se rua sur sa voiture et, les pattes dressées, l’inonda entièrement de sang ; et quand Galba descendit du véhicule, un garde du corps, bousculé par la foule, faillit le blesser avec sa lance. De plus, à son entrée dans la capitale et ensuite dans le Palais, il fut accueilli par un tremblement de terre et par un son ressemblant beaucoup à un mugissement. [2] Les signes qui suivirent furent encore bien plus évidents. Dans tout le trésor, il avait mis à part un collier serti de perles et de pierreries pour orner sa statue de Fortune à Tusculum ; au dernier moment, estimant que le bijou méritait un lieu plus auguste, il le consacra à Vénus Capitoline. La nuit suivante, il vit en rêve Fortune lui apparaître : elle se plaignait d’avoir été frustrée du présent qui lui était destiné et le menaçait de lui arracher elle-même à son tour les faveurs qu’elle lui avait prodiguées. Empli de terreur, à la première lueur du jour, il avait couru à Tusculum afin de conjurer sa vision nocturne – au préalable, il avait envoyé des gens pour préparer le sacrifice. Mais il ne trouva rien, hormis de la cendre tiède sur l’autel et, à côté de celui-ci, un vieillard en tenue de deuil qui tenait de l’encens dans un récipient en verre et du vin pur dans une coupe en argile2. [3] On observa encore qu’aux calendes de janvier sa couronne lui tomba de la tête pendant qu’il procédait à un sacrifice ; que les poulets sacrés s’envolèrent pendant qu’il prenait les auspices ; que le jour où il adopta Pison, alors qu’il s’apprêtait à s’adresser aux soldats, il n’y avait pas, comme le voulait la coutume, de siège militaire placé sur son tribunal (un oubli de ses serviteurs) ; et qu’au sénat sa chaise curule n’était pas installée correctement.
19. Le matin précédant son assassinat, alors qu’il procédait à un sacrifice, un haruspice l’engagea à plusieurs reprises à prendre garde au danger en précisant que ses assassins n’étaient pas loin. Peu après, il apprend que le camp des prétoriens est aux mains d’Othon. Alors que la plupart des gens lui recommandaient de s’y rendre le plus tôt possible, car, disaient-ils, son prestige et sa présence pouvaient lui donner l’avantage, il décida simplement de se barricader et de renforcer sa position par des détachements de légionnaires, qui campaient en beaucoup d’endroits différents. Malgré tout, il passa une cuirasse de lin, sans cacher pourtant qu’elle lui serait fort peu utile contre tant de glaives2. [2] Mais il fut attiré au dehors par de fausses nouvelles, que les conjurés avaient propagées à dessein pour le faire sortir en pleine rue : comme une poignée d’individus affirmaient étourdiment que l’affaire était réglée, que les rebelles avaient été écrasés, que les autres venaient en masse le congratuler et étaient disposés à lui obéir en tout, il s’avança pour se présenter à leur rencontre avec tant de confiance qu’à un soldat, qui se vantait d’avoir tué Othon, il répondit : « Qui t’en a donné l’ordre ? », puis il alla jusqu’au forum. Là, les cavaliers à qui l’on avait confié la mission de le tailler en pièces, après avoir mené leurs chevaux à travers rues en faisant s’écarter la foule des civils, quand ils le virent au loin, s’arrêtèrent un instant ; puis ils s’élancèrent à nouveau et massacrèrent Galba, qui avait été abandonné par les siens.
20. D’aucuns racontent qu’il s’exclama au premier assaut : « Que faites-vous, mes compagnons d’armes ? je suis à vous, et vous êtes à moi », et qu’il leur promit même une prime. Mais la plupart ont rapporté qu’il leur avait de lui-même offert sa gorge et qu’il les avait exhortés à agir et à frapper puisque telle était leur intention. Voici une circonstance qu’on pourra trouver tout à fait étonnante : aucun des hommes présents ne tenta de porter secours à l’empereur, tous ceux qui étaient appelés en renfort méprisèrent l’ordre qui leur était transmis, à l’exception d’un détachement de soldats appartenant à l’armée de Germanie. Ceux-ci, en raison d’un égard que venait de leur témoigner Galba – il avait pris grand soin d’eux, qui étaient malades et affaiblis – volèrent à son secours, mais ils arrivèrent trop tard, car ils avaient été retardés par un détour qu’ils avaient fait faute de connaître les lieux.
[2] Il fut égorgé près du lac de Curtius et laissé là dans cet état, jusqu’à ce qu’un simple soldat, qui revenait de s’approvisionner en blé, jetât son chargement pour lui couper la tête ; comme il ne pouvait attraper celle-ci par les cheveux1, il la cacha contre sa poitrine, puis il fit passer son pouce dans sa bouche et l’apporta à Othon. Ce dernier l’offrit aux vivandiers et aux valets d’armée, qui la plantèrent au bout d’une pique et la promenèrent autour du camp, sans lui épargner leurs quolibets, et en ne cessant de crier : « Galba, Cupidon, profite de ton âge. » Ce qui les poussait particulièrement à ce genre de plaisanteries effrontées, c’était que quelques jours plus tôt une anecdote s’était partout répandue : à quelqu’un qui le félicitait de sa complexion encore resplendissante et vigoureuse il avait répondu : « J’ai encore toute ma vigueur. »
Un affranchi de Patrobius Neronianus leur racheta la tête pour cent pièces d’or et la jeta à l’endroit où, sur ordre de Galba, on avait sévi contre son patron. Sur le tard, enfin, son intendant Argivus ensevelit la tête et le reste du corps dans les jardins particuliers du défunt, sur la voie Aurelia.
21. Sa taille était dans la moyenne, sa tête, entièrement chauve, ses yeux, bleu foncé, son nez, recourbé, ses mains et ses pieds, complètement déformés par la goutte, au point qu’il était incapable de supporter une chaussure, de dérouler un billet ou simplement de le tenir en main. À son flanc droit s’était aussi développée une excroissance qui pendait tellement qu’on la contenait à peine avec un bandage.
22. Il était, à ce qu’on raconte, un très gros mangeur : en hiver, il avait l’habitude de prendre de la nourriture avant même le lever du jour, et elle était si abondante au dîner qu’il ordonnait d’en rassembler les reliefs restés devant lui, de les promener autour de la salle et de les distribuer aux domestiques qui se tenaient au pied des lits. Son penchant le portait plutôt aux hommes, à condition qu’ils soient bien vigoureux et adultes2 ; on rapportait qu’en Hispanie Icelus, un de ses amants de longue date qui lui annonçait la mort de Néron, fut non seulement couvert de très tendres baisers devant tout le monde par Galba, mais que ce dernier le pria de se faire épiler séance tenante, puis l’emmena à l’écart.
23. Il périt dans la soixante-treizième année de son âge, le septième mois de son règne [69 apr. J.-C.]. Le Sénat, dès que ce fut possible, avait voté une statue en son honneur, qui devait être placée au sommet d’une colonne rostrale, dans la partie du forum où il fut massacré ; mais Vespasien abolit le décret, car il croyait que depuis l’Hispanie Galba avait envoyé en sous-main des tueurs en Judée pour l’éliminer.
Othon
Ainsi donc, au jour prévu, il notifia à ses complices de l’attendre sur le forum, au pied du temple de Saturne, près du milliaire d’or2, salua Galba le matin, en recevant de lui, suivant l’habitude, une embrassade, se tint même à ses côtés pendant qu’il procédait à un sacrifice et entendit les prédictions de l’haruspice. Ensuite, comme un affranchi annonçait que les architectes étaient là – c’était le signal convenu –, il partit en prétendant qu’il devait visiter une maison à vendre et se précipita au lieu de rendez-vous en passant par une porte située à l’arrière du Palais. D’autres disent qu’il fit semblant d’être atteint de fièvre et confia à ses voisins le soin de donner cette excuse, si on le cherchait. [3] Alors, après s’être prestement caché dans une litière de femme, il se porta vivement en direction du camp, mais, comme les porteurs étaient à bout de force, il en descendit et se mit à courir. Il dut s’arrêter à cause d’une chaussure qui s’était défaite, et c’est alors que, sans plus tarder, ses compagnons du moment le hissèrent sur leurs épaules et le saluèrent empereur. Il arriva ainsi au quartier général au milieu des clameurs enthousiastes et des épées dégainées, car tous ceux qu’il croisait se ralliaient à lui, tout comme s’ils avaient été au courant de la conjuration et y avaient participé. Une fois installé dans le camp, il envoya des hommes massacrer Galba et Pison ; puis, pour se concilier les soldats par des promesses, en guise de harangue, il garantit simplement qu’il ne garderait pour lui que ce qu’ils lui auraient laissé.
7. Ensuite, alors que le jour baissait déjà, il entra dans le Sénat et, après avoir brièvement prétendu dans son exposé qu’il avait été enlevé en pleine rue et contraint de force d’assumer le pouvoir, mais qu’il l’exercerait suivant le consensus général, il se rendit au Palais. Outre toutes les flatteries que lui prodiguaient ceux qui le félicitaient et qui l’adulaient, il fut appelé Néron par les bas-fonds de la plèbe et ne laissa nullement voir qu’il déclinait ce titre ; bien au contraire, au rapport de certains auteurs, il ajouta même le surnom de Néron à des diplômes militaires et à ses premières lettres destinées à des gouverneurs de provinces. En tout cas, il laissa les portraits et les statues de cet empereur être réinstallés, rétablit ses procurateurs et ses affranchis dans leurs anciennes fonctions ; en outre, la toute première fois qu’il signa un acte officiel en vertu du pouvoir dont il était investi, ce fut pour allouer cinquante millions de sesterces à l’achèvement de la Maison dorée.
[2] On raconte encore ceci : cette nuit-là, saisi de frayeur dans son sommeil, Othon poussa de très grands gémissements ; ses esclaves accoururent et le découvrirent étendu sur le sol, au pied de son lit ; puis il s’employa, par toutes sortes d’expiations, à fléchir les Mânes de Galba, par lequel il s’était vu être jeté à terre et mis dehors ; le lendemain, ajoute-t-on, comme un orage avait éclaté tandis qu’il prenait les augures, il fit une lourde chute et marmonna à plusieurs reprises : « Qu’avais-je besoin aussi de longues flûtes ? »
8. Or, vers le même moment, les armées de Germanie avaient juré fidélité à Vitellius. À cette nouvelle, Othon engagea le Sénat à envoyer une délégation pour transmettre la nouvelle qu’un empereur avait déjà été désigné et pour recommander de préserver la paix et la concorde ; et cependant, par des émissaires qu’il avait dépêchés de son côté ainsi que par des lettres, il offrit à Vitellius d’être associé à l’empire et de devenir, lui Othon, son gendre. Mais alors que la guerre ne faisait plus de doute et que déjà approchaient les chefs et les armées envoyés en avant-garde par Vitellius, Othon fit l’expérience du dévouement et de la loyauté des prétoriens envers lui, qualités qui faillirent entraîner l’anéantissement de l’ordre le plus éminent2. [2] Othon avait décidé de faire convoyer des armes par des marins de la flotte, qui les livreraient par bateaux ; mais comme on retirait ces armes dans le camp à la nuit tombante, certains hommes soupçonnèrent un piège et créèrent du tumulte ; et brusquement tous les soldats, sans avoir aucun chef attitré, accoururent dans le Palais en exigeant que les sénateurs soient massacrés, repoussèrent ceux des tribuns qui tentaient de les arrêter, en tuèrent même quelques-uns et, couverts de sang qu’ils étaient, tout en demandant où était donc l’empereur, ils firent irruption jusque dans la salle à manger et ne s’arrêtèrent qu’en le voyant.
[3] Othon se mit en campagne avec énergie, voire avec précipitation, sans même se soucier en rien des usages religieux : pourtant, les boucliers sacrés avaient été déplacés sans avoir encore été rangés2, ce qui, depuis toujours, est regardé comme un présage défavorable ; en outre, c’était le jour où les dévots de la Mère des dieux commencent leurs déplorations et leurs plaintes, et enfin, les auspices étaient extrêmement funestes. Car d’une part, quand il immola une victime en l’honneur de Dis Pater, il obtint de bons présages, alors que dans un sacrifice de ce genre, des entrailles se présentant mal sont préférables ; d’autre part, dès qu’il sortit de Rome, il fut retardé par les crues du Tibre, et se heurta même, vers le vingtième milliaire, à une route coupée par les décombres des bâtiments effondrés.
9. Avec la même témérité, bien qu’il ne fût douteux pour personne qu’il fallait faire traîner la guerre, étant donné que l’ennemi était tenaillé par la faim et gêné par l’étroitesse des lieux, il décida malgré tout d’en découdre au plus vite, soit qu’il fût incapable de supporter une plus longue appréhension et qu’il espérât pouvoir remporter une victoire décisive avant l’arrivée de Vitellius, soit qu’il fût vaincu par l’ardeur de ses soldats qui réclamaient de se battre. Sans participer à aucun affrontement, il se tint à l’arrière, à Brixellum.
[2] Il eut beau l’emporter dans trois combats, ceux-ci étaient secondaires : au pied des Alpes, près de Plaisance et « Chez Castor » – tel est le nom de l’endroit. Dans le dernier affrontement, le plus important, à Bédriac, il fut défait par traîtrise : on avait laissé miroiter une entrevue et les soldats de son parti étaient sortis comme s’ils étaient sous la protection d’une trêve, mais il leur avait fallu combattre à l’improviste, au moment même des salutations mutuelles. [3] Et aussitôt il fut saisi d’une impulsion de mort. De l’avis de beaucoup de gens, qui n’ont pas tort, c’était par honte à l’idée de s’obstiner à vouloir garder le pouvoir pour lui en exposant l’État et la population à un si grand péril, plutôt que par un quelconque sentiment de désespoir ou de défiance à l’égard de ses troupes ; car il lui restait alors, encore intactes, celles qu’il avait conservées auprès de lui pour lancer une seconde vague d’assaut, auxquelles s’ajoutaient d’autres qui arrivaient de Dalmatie, de Pannonie et de Mésie ; quant aux unités vaincues, elles étaient si loin d’être abattues que, pour venger leur échec cuisant, il n’était pas un danger qu’elles n’étaient disposées à affronter, même toutes seules.
10. Mon père, Suetonius Laetus, participa à cette guerre, en tant que tribun angusticlave de la treizième légion. Par la suite, il se plaisait souvent à raconter qu’Othon, même quand il était un simple particulier, détestait tellement les guerres civiles qu’un jour, devant le récit qu’on faisait à table de la mort de Cassius et de Brutus, il frémit d’horreur ; qu’il n’en serait pas venu à s’élever contre Galba s’il n’avait cru fermement que l’affaire pouvait se régler sans guerre ; et qu’à l’issue de Bédriac il fut amené à mépriser la vie par l’exemple d’un simple soldat. Ce dernier, en annonçant le désastre essuyé par l’armée, n’était cru de personne et se voyait accusé tantôt de mensonge, tantôt de couardise, car on se disait qu’il avait fui le front : alors l’homme se jeta sur son glaive aux pieds d’Othon. À cette vue, Othon, poursuivait mon père, s’était exclamé qu’il ne ferait plus courir de danger à de tels hommes, si dévoués envers lui.
[2] Ainsi donc, il engagea son frère, le fils de son frère et tous ses amis, les uns après les autres, à penser à un moyen d’en réchapper, chacun selon ses possibilités ; il se dégagea de leurs étreintes et de leurs embrassades, et les congédia tous ; après s’être retiré à l’écart, il rédigea deux missives, l’une à sa soeur, pour la consoler, l’autre à Messaline, la veuve de Néron, qu’il avait projeté d’épouser, en lui recommandant ses restes et son souvenir.
Ensuite, il brûla toutes les lettres qu’il avait en sa possession, pour qu’elles ne causent de danger ou de tort à personne en tombant entre les mains du vainqueur. Il fit aussi le partage de l’argent dont il disposait alors entre les gens de sa maison.
11. Et il s’était ainsi préparé et déjà disposé à mourir lorsque se créa un tumulte sur ces entrefaites. S’étant avisé qu’on se saisissait comme de déserteurs de ceux qui commençaient à s’en aller, à partir, et qu’on les retenait de force, il dit : « Ajoutons encore cette nuit à ma vie » (ce sont précisément ses propres termes), et il interdit de maltraiter personne. En outre, laissant sa chambre ouverte jusqu’à une heure avancée, il se mit à la disposition de tous ceux qui voulaient venir le trouver.
[2] Puis il étancha sa soif avec une rasade d’eau fraîche, attrapa deux poignards et, après avoir éprouvé la pointe de chacun d’eux, en plaça un sous son oreiller ; il fit alors fermer les portes et dormit très profondément. Ce fut seulement au point du jour qu’il s’éveilla pour se transpercer d’un coup unique, en dessous du sein gauche ; il cachait et dévoilait alternativement sa blessure à ceux qui avaient fait irruption dans sa chambre au premier gémissement, rendit l’âme et fut enterré rapidement (car telles avaient été ses instructions), dans la trente-huitième année de son âge, le quatre-vingtquinzième jour de son règne [69 apr. J.-C.].
12. Ni sa constitution, ni sa mise générale ne correspondaient, à aucun degré, au si grand courage dont Othon fit preuve. On rapporte en effet qu’il était de petite taille, qu’il avait des pieds difformes et des jambes cagneuses ; d’autre part, il tombait dans des coquetteries presque féminines : il se faisait épiler le corps, s’était fait confectionner pour son crâne qui était dégarni, un toupet si bien conçu et si bien à sa mesure que personne ne le remarquait ; et, bien plus, il se rasait chaque jour le visage, qu’il avait ensuite coutume de frotter avec de la mie de pain humide – il avait pris cette habitude à son premier duvet, pour ne jamais avoir de barbe ; souvent même il pratiqua ouvertement le culte d’Isis, vêtu de lin, suivant les commandements religieux.
[2] Telles sont les raisons pour lesquelles il arriva, serais-je tenté de penser, que sa mort, si peu conforme à sa vie, fut un sujet d’étonnement considérable. Parmi les soldats présents, beaucoup versèrent des flots de larmes, couvrirent de baisers les mains et les pieds de sa dépouille étendue là, en déclarant hautement qu’il était l’homme le plus courageux, le seul véritable empereur, et mirent tout de suite fin à leurs jours, au même endroit, non loin du bûcher ; parmi ceux qui n’étaient pas là, beaucoup aussi, à cette nouvelle, se jetèrent sous le coup de la douleur les uns sur les autres, les armes à la main, pour s’entre-tuer. Enfin, la plupart des gens, qui l’avaient abominé de son vivant, le comblèrent de louanges à sa mort, de sorte qu’on répéta même partout que s’il avait tué Galba, c’était moins pour exercer sa tyrannie que pour rétablir la République et la liberté.