Ce début du mois d’octobre voit s’agrandir la belle famille de la C.U.F., notamment par l’arrivée d’un nouveau Galien, la Thériaque à Pamphilianos, dont nous devons à Véronique Boudon-Millot l’édition et la traduction : une première en français ! Ce sont les premières lignes de l’œuvre, dans lesquelles l’auteur s’attache à louer les qualités d’un certain Pamphilianos avant de rentrer dans des considérations plus médicales, que La Vie des Classiques vous propose aujourd’hui de lire.
I. 1 Πολλάκις ἐπιζητοῦντί σοι, κράτιστε Παμφιλιανέ, τὴν μέθοδον τῆς θηριακῆς ἀντιδότου καὶ τὴν χρῆσιν παρ’ ἡμῶν ἀκοῦσαι τὰ μὲν ἐκ τοῦ παραστάντος ἡμῖν ῥηθέντα οὔτε σε νομίζω διαμνημονεύειν οὔτε ἐμαυτὸν ἀποχρώντως εἰρηκέναι. 2 Νυνὶ δὲ ἐπὶ σχολῆς γενόμενος καὶ διὰ τῆς μνήμης ἀνακαλεσάμενος ὅσα κατὰ τὴν περιοδίαν εἶδον ἐν Ῥώμῃ, παρά τε τοῖς ὑφηγησαμένοις ἡμῖν κατορθούμενα διὰ τοῦ | φαρμάκου τούτου καὶ ὅσα χρησάμενος αὐτὸς ἐπιτυχὼν κατώρθωσα, ταῦτ’ ᾠήθην δεῖν σοι προσφωνῆσαι συναγαγών, μετὰ τοῦ καὶ τοὺς τρόπους τῆς χρήσεως ὑπογράφειν, καὶ τὰς διαφορὰς τῶν παθῶν, καὶ τοὺς καιροὺς ἐφ’ ὧν τινων καὶ πότε χρώμενος αὐτῇ τις οὐκ ἂν διαμαρτάνοι. 3 Κομιδῇ γὰρ ἀμούσου τινὸς εἶναι δοκεῖ μοι τὸ ἀποκρύπτεσθαί τι τῶν εἰς σωτηρίαν διαφερόντων, ὑπὲρ ἧς ἅπαντες οἱ κατὰ τὴν μητρόπολιν εὔχονται δικαίως, ἅτε δὴ καὶ κατ’ ἰδίαν εὐεργετούμενοι καὶ κοινῇ κοσμούμενοι διὰ τῶν ὑπὲρ τῆς προνοίας τῇ πόλει πάσῃ κατασκευαζομένων κοινωφελῶν ἔργων. 4 Οἶδα δὲ καὶ τὰς ἄλλας πόλεις ἁπάσας ὅσαι Κρητικαὶ τῆς σῆς γνώμης τὸ περὶ πάντας δεξιὸν καὶ ἐπιεικὲς οὐ τιμώσας μόνον, ἀλλὰ καὶ ἀγαπώσας. Εἰσὶ δὲ καὶ ἐπὶ τῆς Αἰγύπτου καὶ ἐπὶ τῆς βασιλίδος πόλεως τοσοῦτοι τὸ πλῆθος φίλοι σοὶ μόνῳ γε Κρητῶν, ὅσοι τοῖς ἄλλοις ἅπασιν οὐκ εἰσίν, 5 ὥστ’ εὐλόγως ἄν τινα θαυμάσαι καὶ τὴν τύχην οἰκείως σοι θεμένην πρὸς τὴν φύσιν τοῦ τρόπου καὶ τοῦ ὀνόματος τὸ ἔτυμον, ὡς ἂν προγινώσκουσαν ὅτι μέλλεις ὑπὸ πάντων | φιλεῖσθαι. |
I. 1 Lorsque tu cherchais souvent, très puissant Pamphilianos, à entendre de notre bouche la méthode de découverte de l’antidote thériaque et son usage, ce qu’il nous vint à l’esprit de te dire, je ne pense ni que tu t’en souviennes ni l’avoir dit moi-même de façon satisfaisante. 2 Aussi, à présent que j’en ai le loisir et que j’ai rappelé à ma mémoire tout ce que j’ai vu au cours de mon voyage à Rome, ce qui lorsque nous étions auprès de ceux qui nous ont instruit était réussi grâce à ce médicament et tout ce que, pour en avoir moi-même usé avec succès, j’ai réussi, cela j’ai estimé qu’il fallait que je le rassemble pour t’en faire part, en mettant par écrit à la fois les façons d’en user, les différences des affections et les circonstances dans lesquelles et à quel moment, si l’on vient à en user, on ne saurait se tromper. 3 Car ce me semble être le fait d’un homme parfaitement ennemi des muses que de dissimuler quelqu’une des choses contribuant à un salut que tous ceux de la métropole appellent à juste titre de leurs voeux, eux qui à titre privé bénéficient de tes bienfaits et à titre public de tes ornements grâce aux actions que tu mènes, du fait de ta prévoyance, pour le bien commun de la cité tout entière. 4 Et je sais également que toutes les autres cités qui sont crétoises n’honorent pas seulement la droiture et la pertinence de ton jugement à l’égard de tous, mais aussi les chérissent. Et tant en Égypte que dans la ville royale, tu possèdes toi, certes seul des Crétois, des amis plus nombreux que n’en ont tous les autres. 5 Aussi aurait-on également raison d’admirer que la fortune ait fait proprement correspondre au naturel de ton caractère le sens véritable de ton nom (Pan-philianos), comme si elle prévoyait que tu fusses destiné à être aimé de tous (pan-phileisthai). |
Galien, Thériaque à Pamphilianos
C.U.F., Les Belles Lettres
ed. et trad. Véronique Boudon-Millot