Les nombreux hommages rendus à Marie Delcourt sont unanimes : son œuvre, avec plus de trente ouvrages et une centaine d’articles, est aussi immense que variée. De la philologie à l’histoire des religions et à l’étude de l’humanisme, de la note érudite au livre de cuisine en passant par la poésie, les traductions, les chroniques dans le grand quotidien Le Soir et les monographies telles, pour ne citer que les plus célèbres, Œdipe ou la légende du conquérant, Hermaphrodite. Mythes et rites de la bisexualité dans l’Antiquité classique, Légendes et cultes de héros en Grèce, Stérilités mystérieuses et naissances maléfiques dans l’Antiquité classique, Les Grands Sanctuaires de la Grèce, Oreste et Alcméon…, Pyrrhus et Pyrrha… elle a embrassé des domaines très divers avec un appétit de savoir et une curiosité qui font d’elle, au sens premier, une humaniste.
Depuis son éméritat en 1961, puis sa mort survenue en 1979, trois hommages lui ont été rendus et on a pleinement salué son apport à la connaissance de l’Antiquité grecque, à l’histoire des religions et à celle de l’humanisme – c’est d’ailleurs le plan qu’adoptent les actes du colloque « Hommage à Marie Delcourt » organisé à l’université de Liège en 1982. Plus récemment ont été entreprises des recherches sur ce personnage essentiel de la vie intellectuelle belge du XXe siècle, sans qu’on lui ait encore, pour l’heure, consacré de monographie – on pourra ainsi se reporter utilement aux travaux de Catherine Gravet et à ceux de Marie Theunissen-Faider sur sa correspondance avec Aloïs Gerlo. Tous le soulignent, non contente d’avoir embrassé différents domaines de la connaissance, elle a joué un rôle de précurseur dans plusieurs d’entre eux.
L’historienne des religions Corinne Bonnet, qui a édité la correspondance de Franz Cumont, rappelle ainsi que, à l’instar de Cumont à Gand, Marie Delcourt osa à Liège s’intéresser à l’histoire de la religion grecque à une époque où les universités catholiques comme les universités d’État y répugnaient, pour des raisons opposées. Aujourd’hui, l’université de Liège, où furent formées aussi bien Corinne Bonnet que Vinciane Pirenne-Delforge, titulaire de la chaire « Religion, histoire et société dans le monde grec antique » du Collège de France, est à la pointe de ce domaine ; Marie Delcourt n’y est sans doute pas pour rien. De la même manière, quoique helléniste de formation, elle n’a pas hésité à faire plusieurs incursions du côté de la Renaissance et de l’humanisme en général, d’abord en s’intéressant très tôt, dès sa thèse, aux traductions des tragiques anciens en France à la Renaissance, puis à l’Utopie de Thomas More, qu’elle a édité et traduit ; au devenir des comiques anciens avant Molière, à la correspondance de Torrentius, ou encore à celle d’Érasme, à la traduction de laquelle elle collabora à la fin de sa vie. En cela, elle peut aussi être considérée comme à l’origine du dynamisme des études humanistes en Belgique, d’autant qu’elle fut dès 1929 chargée d’inaugurer à l’université de la Cité ardente, à Liège, un « cours libre » – nous dirions aujourd’hui une option – d’histoire de l’humanisme créé à son intention. Ce « petit cours », qui existait toujours en 1982, eut un immense succès auprès des étudiants et suscita des vocations ; il a joué un rôle important dans l’émergence de l’école liégeoise d’histoire de l’humanisme, dont émana en 1970 l’Institut d’histoire de la Renaissance et de la Réforme. Cette boulimie intellectuelle et ce goût pour les territoires inexplorés s’enracinent dans le parcours singulier de cette personnalité hors norme, sur lequel nous nous proposons de revenir ici. Femme, handicapée, mariée à un homme plus jeune qu’elle et homosexuel, n’ayant jamais eu d’enfant mais excellente pédagogue, auteure d’une Méthode de cuisine à l’usage des personnes intelligentes et de chroniques aux sujets excessivement variés dans le journal Le Soir, amie fidèle et épistolière prolixe, elle fut également pleinement engagée dans son temps, que ce soit pour défendre les femmes, les Wallons ou la cause animale, avec une modernité qui fait écho à celle dont elle fit preuve dans ses travaux savants. Humaniste, souvent progressiste et à contre-courant, parce que précurseure, des idées de son temps, elle paya cher sa liberté de pensée et de ton.
Née en 1891, Marie Delcourt suit sa scolarité à Arlon, à la frontière de la France et du Luxembourg d’où est originaire sa mère. Les filles n’ont alors pas accès aux études secondaires, et c’est seule qu’elle prépare le diplôme d’humanités gréco-latines qu’elle passe devant le jury central. Après quoi, elle s’inscrit en 1911 en philologie à l’université de Liège, dont elle sortira docteure en philologie classique en 1919. En octobre 1914, son père, militaire de carrière, est mort, tué à la tête de son régiment : elle s’engage alors dans le réseau de renseignements « La Dame blanche », pour le compte du War Office britannique, ce qui lui vaudra d’être décorée de la croix d’officier de l’Empire britannique.
À cette date, la jeune femme, qui ne manque pas de caractère, a déjà publié son premier article, dans la Revue de l’instruction publique en Belgique. On y trouve en germe à la fois l’ambition, la rigueur, la clarté et la modestie qui caractérisent l’ensemble de ses travaux – pour ne pas dire sa personnalité.
Au commencement était le théâtre
Son tout premier travail universitaire paraît en effet dès 1912 alors qu’elle n’a que vingt et un ans. Il reprend, avec cette ambition pleine de modestie qui la caractérise, la querelle ayant opposé Nietzsche à Wilamowitz sur la question des origines de la tragédie grecque. Intitulé « L’origine de la tragédie », en écho à la Naissance de la tragédie de Nietzsche, cet article de vingt-trois pages est ambitieux par son titre et son propos : il ne s’agit de rien de moins que de reprendre le dossier complexe de l’origine de la tragédie, mais ce, à la lumière de deux publications récentes et aujourd’hui quelque peu oubliées, qui ont le mérite de nous renseigner, par ce que Marie Delcourt en retient, sur ce qui intéressait alors la toute jeune chercheuse : d’une part, le recours à l’ethnographie comparée, qui fera les beaux jours de l’école de Paris et qui l’intéresse donc avant même son séjour parisien de 1921-1922, et d’autre part l’attention au culte de Dionysos, qui annonce ses travaux en histoire des religions. Loin de proposer une réponse à cette question complexe, Marie Delcourt, modestement, analyse et expose avec acribie les deux travaux en question, tout en dressant un état clair et maîtrisé du dossier.
Ses nombreux travaux sur le théâtre qui suivront ce premier essai s’inscrivent en droite ligne de sa formation classique de philologue. Ils sont très variés, de la note philologique savante sur un emploi de τε chez Euripide à sa traduction complète, et portent aussi bien sur le théâtre grec que sur le théâtre latin, et sur le théâtre antique que sur sa réception. Tout au long de sa vie intellectuelle, le théâtre restera présent. Son doctorat, soutenu en 1919, publié en 1925 et couronné par l’Académie royale de Belgique, porte sur les traductions des tragiques grecs et latins en France depuis la Renaissance, et témoigne de son goût précoce pour les liens entre l’Antiquité et ce qu’il en advient à travers les âges ; en un sens, elle joue là aussi un rôle de précurseur, inventant le champ aujourd’hui très actif des études sur la réception de l’Antiquité. De la même manière qu’elle refuse de choisir entre les périodes, elle ne sépare pas le grec du latin : l’ouvrage, qui porte avant tout sur les tragiques grecs, convoque également Sénèque. Et parce que qui dit théâtre dit non seulement tragédie, mais aussi comédie, elle consacre en 1937 un ouvrage symétrique à la comédie, La Tradition des comiques anciens en France avant Molière. À nouveau, grec et latin ne sont pas dissociés et l’Antiquité est mise en perspective, à la lumière de Molière. Il ne s’agit pas pour autant de s’intéresser aux sources antiques des auteurs modernes, comme on le pratiquait à l’époque, mais bien, renversant la perspective, de partir des travaux antiques et de s’intéresser à leur devenir à travers les âges.
Si ses dernières années sont complètement absorbées par la traduction de la correspondance d’Érasme, cela ne doit pas occulter sa traduction complète d’Euripide dans la Pléiade en 1962, alors qu’elle vient de prendre sa retraite. Cette traduction a été réimprimée puis publiée dans la collection de poche Folio-Gallimard et est encore largement utilisée aujourd’hui ; enfin, en 1967, elle consacre un dernier article au théâtre, « Tartuffe », témoin de son souci constant de ne pas se cantonner à l’Antiquité.
Dans cet intérêt massif et apparemment sans bornes pour le théâtre antique, Euripide occupe cependant une place particulière, sans doute, comme le rappelle son ami et collaborateur Roland Crahay, « parce qu’Euripide a dénoncé le sort fait dans la société grecque aux laissés-pour-compte : femmes, esclaves, étrangers ». Il n’est pas impossible que le goût de Marie Delcourt pour celui que Nietzsche considérait comme le fossoyeur de la tragédie soit lié à cette empathie dont elle-même n’était pas dépourvue. Femme dans un monde d’hommes particulièrement conservateurs, handicapée depuis sa tendre enfance qui la vit contracter la poliomyélite à trois ans, elle n’a eu de cesse de lutter pour s’imposer malgré les résistances nombreuses, sans pour autant jamais se lasser d’être attentive à son prochain, à commencer par son mari, le romancier Alexis Curvers, au tempérament mélancolique et qui vivait mal son homosexualité.
Elle épouse Alexis Curvers, de quinze ans son cadet, en 1933 et elle soutiendra toute sa vie ce romancier fragile, qui l’aime profondément. Il écrit dans son Journal le bonheur et la stabilité qu’elle lui apporte (« Marie plus belle que jamais, et si bonne, si douce, si lumineuse »), son admiration pour elle (face aux événements politiques en 1939 « La lucidité de Marie en tout cela, sa résistance instinctive d’abord, ont été admirables »), et évoque le plaisir qu’il prend au plaisir qu’il lui donne – non sans une certaine fatuité (« Je ne sais si on a déjà remarqué que, lorsqu’un homosexuel aime une femme, il l’aime mieux que ne peut faire la moyenne des hommes »). Il manifeste pourtant un certain dégoût pour les relations hétérosexuelles, notamment quand elles n’ont pas pour but la procréation ; mais il exclut son épouse de ce dégoût (« Avec Marie, pourtant, c’est différent, mais avec elle seule : quelque chose comme de l’enfance prolongée, et heureuse »).
C’est un couple « moderne ». Il est son ancien étudiant, ils sont entourés d’amis, ils partagent les tâches ménagères et sont soucieux du monde dans lequel ils vivent – elle peutêtre encore plus que lui. Ils sont avant l’heure sensibles au bien-être animal : la mort de leur chatte, avec laquelle Marie Delcourt se fait prendre en photo, les attriste profondément et Alexis Curvers, qui se désole de voir les oiseaux mourir de froid pendant l’hiver 1938, écrit : « On a presque honte (pourquoi ?) de s’émouvoir sur le malheur des animaux, alors qu’il y a tant de pauvres gens et que le cauchemar de l’Espagne, des Juifs allemands et de la Chine continue à nous obséder. Mais tout cela se tient. »
Le couple n’aura pas d’enfants. Curvers écrit, toujours dans son journal : « Comment a-t-on le courage d’avoir des enfants ? » Est-ce un choix partagé ou imposé ? Le couple était-il stérile ? Faut-il voir là un lien avec l’ouvrage que Marie Delcourt consacre à la stérilité dans l’Antiquité (Stérilités mystérieuses et naissances maléfiques dans l’Antiquité classique) ? L’helléniste est en tout cas une enseignante dévouée pendant les quarante années qu’elle passe dans le secondaire, à l’athénée de jeunes filles de Liège, puis à l’université : ses biographes aiment à rapporter que ses étudiants l’appelaient « Marie », quand ils réservaient des surnoms peu charitables à ses collègues. Elle ne semble pas les avoir maternés pour autant et plusieurs rappellent qu’elle pouvait être autoritaire : sa correspondance avec Aloïs Gerlo, autour de la traduction de la correspondance d’Érasme, en témoigne, tout comme l’anecdote rapportée par Alexis Curvers, selon laquelle elle frappa sa nièce Germaine qui rechignait à réviser son examen d’anatomie et se montrait impolie.
Car les études, pour Marie Delcourt, étaient une chose sérieuse, y compris – et peut-être avant tout – les études secondaires, et donc aussi la formation des maîtres. Sa deuxième publication, parue en 1913 toujours dans la Revue de l’instruction publique en Belgique, s’emploie ainsi à critiquer les nouveaux programmes de l’enseignement normal, qui faisaient une place plus large à l’enseignement de la littérature française. Quand les anciens programment prescrivaient son enseignement jusqu’au XVIIIe siècle, ceux de 1913 ajoutent la période allant du XVIIIe siècle à nos jours ainsi que l’étude des principaux auteurs belges. Et c’est bien ce qui l’inquiète, dans un mouvement étonnant de rejet de cette littérature qui selon elle n’est pas classique. Elle dénigre sans ménagement le français de Belgique : « Nous parlons une langue maladroite, terne, lourde, impropre – bien heureux encore quand elle n’est pas incorrecte. » Et les auteurs belges ne sont pas épargnés : « Autant leur art peut être intéressant, autant leur langue, pour des compatriotes, est peu propre à devenir un modèle de style. » Car le style, pour Marie Delcourt, s’apprend au contact du latin ou, à défaut, auprès de ceux qui l’ont pratiqué : « Si l’on veut préparer les jeunes régents, qui n’ont pas fait de latin, à commenter devant leurs élèves des écrivains formés par le latin, La Bruyère, Racine, ou Musset… qu’on s’adresse pour cela aux prosateurs latins par excellence, à Renan plutôt qu’à Maeterlinck. » Cette posture a de quoi étonner ; sans doute faut-il y voir son amour du latin et de sa postérité plus qu’un réel mépris pour les écrivains belges de langue française, et la conviction profonde que « le présent ne se comprend que par le passé ». Peut-être aussi l’idée que la littérature belge n’existe pas, parce que c’est de la littérature française. Ou encore l’effet de son jeune âge – elle n’a alors que vingt-deux ans. Ses prises de position ultérieures seront, de manière générale, moins réactionnaires. Ainsi, en 1933, elle publie à nouveau un point de vue sur l’enseignement moyen, dont elle appelle à la réorganisation. Replacé dans son contexte, ce texte est finalement assez audacieux : elle en appelle à la suppression des cours d’économie domestique et à leur remplacement par une semaine annuelle de travaux ménagers, « où l’on puisse mener à bien un véritable nettoyage, une vraie lessive qui sera séchée, repassée et raccommodée, sans compter six véritables repas qui seront dégustés par toute la bande : la semaine d’économie domestique deviendrait bientôt une des joies de la vie scolaire, comme l’excursion de fin d’année, ou un camp scouts ». Par-delà le côté délicieusement suranné du concept même d’enseignement d’économie domestique, ça n’est rien de moins que de la pédagogie par projet que Marie Delcourt imagine avec cette « classe verte » pour jeunes ménagères. Elle en appelle tout aussi audacieusement à un bouleversement du calendrier, jugeant les vacances scolaires « beaucoup trop longues » et les semaines de cours trop chargées : avec des accents proches des discours actuels sur les rythmes scolaires – ce sont selon elle les professeurs, les familles bourgeoises et les associations de tourisme qui ont allongé les vacances – elle propose de les raccourcir – car « l’homme dort huit heures par jour et non quatre mois par an » – et à ne faire cours que le matin. Ainsi seulement les élèves pourront réfléchir à ce qu’on leur enseigne et lire en marge des cours. Même régime pour l’université : pas plus de douze heures par semaine, ce qui permettra aux professeurs de se consacrer à leurs recherches et de réaliser des missions à l’étranger, en organisant leur enseignement sur un seul semestre. Enfin, elle n’oublie pas les professeurs d’athénée – c’est-à-dire de lycée – pour lesquels elle souhaite la création de bourses de voyage : « l’État belge devrait envoyer chaque année des professeurs de grec et de latin à Rome et à Athènes, des professeurs de langues modernes dans les grandes villes d’Europe, des professeurs de sciences exactes dans les centres universitaires et dans des grands laboratoires. » Car au final ce sont les élèves qui en profiteront, et les enseignants du secondaire cesseront de vouloir le fuir pour l’université, « seul endroit où le travail intellectuel soit matériellement encouragé ». Le système français, enfin, est érigé en modèle, lui qui promeut l’enseignement de la philosophie dès le lycée : ce système « a pour résultat qu’un avocat, un médecin, un ingénieur français connaissent un peu d’histoire de la philosophie, voient comment se pose un problème de métaphysique et ont dans la tête des habitudes de dialectique qui nous manquent totalement. Les professeurs également, et c’est pourquoi ils enseignent si bien la “composition française”, c’est-à-dire l’art d’analyser une idée et d’examiner un à un les éléments ». À l’inverse, elle critique les professeurs belges qui, au lieu de cet « exercice excellent », prient leurs élèves d’inventer, « c’est-à-dire de composer, avec ou malgré Minerve, une véritable œuvre d’art ». On retrouve là à la fois l’amour des exercices classiques et l’admiration pour la France, teintée d’une légère haine de soi qui est peut-être moins le résultat d’un sentiment d’infériorité que de l’enthousiasme avec lequel elle s’est frottée, lors de ses séjours de recherche, aux plus grands philologues européens, et en particulier français.
Le séjour à Paris
Après avoir obtenu son doctorat en 1919, elle décroche une bourse de voyage et quitte la Belgique pour Paris où elle fréquente la Sorbonne et suit à la IVe section de l’EPHE les conférences du grand helléniste Paul Mazon, qui à l’époque y assurait la suppléance d’Alexandre-Marie Desrousseaux ; dans son Rapport sur les conférences, de 1920-1921, consacrées à l’étude du texte des Euménides, il mentionne la présence de Marie Delcourt en des termes élogieux : « On doit une mention spéciale à Mlle Delcourt, qui possède déjà des connaissances solides en paléographie et en philologie. » L’année suivante, il souligne à nouveau ce qui est devenu une collaboration fructueuse. Enfin, dans sa préface à son édition de l’Orestie d’Eschyle de 1925, il la remercie d’avoir vérifié pour lui, lors de son séjour à Rome, des leçons sur des « originaux italiens ».
Tous les savants ne seront pas aussi élogieux et généreux avec elle. Quand son maître et compatriote Franz Cumont, avec qui elle entretint une correspondance scientifique relativement soutenue entre 1919 et 1939, fait volontiers son éloge, d’autres s’indignent presque de voir la jeune femme prétendre à autre chose que l’enseignement secondaire. Corinne Bonnet, qui a édité la correspondance de Franz Cumont, a analysé les lettres adressées au grand historien belge des religions mentionnant la jeune femme et montré combien certains correspondants lui étaient hostiles. C’est le cas notamment de Joseph Bidez, qui l’introduisit auprès de Cumont dont elle fut la correctrice pour les épreuves de son édition de Julien à la CUF. Quand en 1928 Léon Parmentier, qui avait été le professeur de Marie Delcourt et qui l’avait initiée à Euripide, dut, victime d’une thrombose, renoncer à ses cours à l’université de Liège, la jeune helléniste se porta candidate pour les reprendre en partie. Elle écrit alors à Cumont pour lui demander de soutenir sa candidature. Or cette ambition se heurta à la volonté de Joseph Bidez, qui défendait un autre candidat, et qui lui retira peu à peu sa confiance. Mais le plus violent fut sans doute Charles Michel, ennemi de Parmentier, qui dans une lettre à Cumont évoque sa « correctrice d’épreuves qui ne sera jamais une philologue, quoi qu’elle en dise et quoi qu’elle en ait », et qui consacre une longue missive à l’inviter à ne pas encourager les ambitions universitaires de Marie Delcourt, pour laquelle il « espère qu’elle finira par obtenir une place de professeur de rhétorique dans un athénée de jeunes filles, ce qui est son désir et qui lui conviendrait parfaitement », car « malgré son intelligence, elle n’est pas capable de faire de la vraie philologie ». Il lui enjoint enfin de ne pas se laisser bluffer par son aisance, car « elle est dans le bluff comme un poisson dans l’eau ». La lecture des lettres de Marie Delcourt à Cumont suffit à se persuader du contraire, elle qui ne cesse, pleine de modestie, de souligner la maigreur de ses connaissances – mais aussi, il est vrai, son réel souhait d’apprendre.
Elle n’obtiendra pas le poste convoité et devra mener de front ses recherches et son métier d’enseignante à l’athénée de jeunes filles pendant vingt ans. En 1929, elle est la première femme chargée de cours à l’université de Liège, où elle lance un cours d’histoire de l’humanisme, pour lequel elle n’était pas rémunérée. L’année suivante, en 1930, elle est chargée des cours d’histoire des littératures grecque et latine, de la méthodologie du latin et du grec et de la didactique. Mais ce n’est qu’en 1941, à l’âge de cinquante ans, qu’elle obtient un poste de professeur ordinaire. Malgré tout, elle ne disposa jamais d’un bureau ni d’un assistant à l’université.
Sans doute faut-il voir là le résultat de la misogynie, tantôt paternaliste et tantôt franchement hostile, que pouvaient susciter ses ambitions, dans le milieu alors très masculin et très conservateur des philologues liégeois.
De l’Union des femmes de Wallonie à « Misogynie 1965 »
Cette misogynie, elle l’a combattue toute sa vie. Sa détermination à s’imposer malgré son sexe et son handicap apparaît tôt et semble avoir été encouragée par sa tante Marie Derscheid, brillant médecin orthopédiste et féministe, qui fonda la Fédération belge des femmes universitaires et milita pour promouvoir les carrières intellectuelles féminines. Peut-être encouragée par ce brillant exemple, Marie Delcourt semble ne s’être jamais censurée ; mieux, elle s’engagea pour la cause des femmes, en militant et en écrivant. Elle fut d’abord membre de l’équipe dirigeante de l’Union des femmes de Wallonie au sein de laquelle elle défendit le droit de vote et le droit au travail pour les femmes. Cette union, fondée en 1913, invitait les femmes wallonnes à la prise de parole publique, mêlant féminisme modéré et défense du sol natal dans un souci d’égalité et de solidarité : pendant la guerre, elle monta un atelier de layette et distribua dix mille layettes aux familles modestes, mais aussi des repas aux « accouchées indigentes ». Dans l’entre-deux-guerres, les femmes obtinrent progressivement le droit de vote et Marie Delcourt joua un rôle important dans le processus, en fustigeant la droite, qui défendait le vote des femmes dont elle pensait qu’elles voteraient en sa faveur, mais aussi la gauche, qui s’y opposait sous prétexte que les femmes voteraient à droite, et enfin les femmes elles-mêmes, qui d’après elle se désintéressaient de la politique : « Si elles voulaient bien être attentives aux conditions affreuses dans lesquelles beaucoup de femmes gagnent leur vie, si elles voulaient bien savoir exactement ce que c’est que le scandale des salaires féminins, elles comprendraient que le vote des femmes est indispensable à la justice sociale, parce que, dans notre monde, il est impossible d’obtenir justice si l’on n’est pas électeur », écrit-elle dans le bulletin de l’UFW de 1928. Elle défendit également le travail des femmes, menacé par la montée du chômage, en proposant des analyses économiques claires et convaincantes, pour aboutir à un constat amer : le chômage met les hommes et les femmes en concurrence, combat dont les femmes sortiront vaincues : « On congédiera en dernier lieu les pères de famille et les veuves. Mais parmi les célibataires, croyez bien que les femmes auront de la peine à être traitées en égales. À l’heure présente, les vieux préjugés contre le travail des femmes ont à peu près disparu, mais le sentiment de la concurrence dresse déjà les hommes contre leurs sœurs et il est à craindre qu’il ne s’aiguise encore au cours de la période de chômage que nous allons traverser », prédit-elle avec clairvoyance dans le bulletin de l’UFW de 1926.
Plus tard, elle prend de la distance et, délaissant la politique, elle n’en continue pas moins de fustiger la misogynie, mais en faisant preuve d’un certain humour, notamment dans sa Méthode de cuisine à l’usage des personnes intelligentes, publiée en 1947. Dédié à sa cuisinière et rédigé avec son amie Marie-Claire Hélin-Magnette, de l’UFW, l’ouvrage vaut davantage par sa préface, savoureuse, que par ses recettes, finalement assez banales. Il faut dire que l’ouvrage n’a pas pour objectif de transformer les « personnes intelligentes » en cordons-bleus, mais de les libérer de l’esclavage des repas domestiques quotidiens. Il n’est pas pour autant destiné aux seules femmes, mais aux « personnes intelligentes », une formulation qui sonne avant l’heure comme soucieuse de ne pas genrer son public – pourvu qu’il soit intelligent ! La préface, pleine d’espièglerie, enjoint de lire l’introduction où est posé, très sérieusement, « le problème des rapports de la cuisine et de la vie quotidienne », et expose l’organisation de l’ouvrage, et notamment les tableaux de la fin du volume avec leur liste de plats rapides à préparer « pour répondre au voeu de ma collègue Suzanne Leclercq, professeur de paléontologie à l’Université de Liège, que n’effraie rien de ce qui est préhistorique, mais que la cuisine décourage » ! L’introduction qui suit s’emploie, véritable « état de l’art », à critiquer sévèrement ses prédécesseurs et à justifier l’entreprise : il ne s’agira pas d’empiler des recettes avec pédanterie, mais de les définir et de les organiser rationnellement. Sévère avec les chefs, « si imbus de leur sujet, si convaincus de la grandeur de leur sacerdoce, qu’ils trouvent tout naturel qu’une femme passe, tous les jours de sa vie et deux fois par jour, trois ou quatre heures à préparer un repas qui sera mangé en trente minutes », elle cite Balzac, pour qui le dîner est en province « l’avenir de la journée » et se réjouit d’en avoir un autre, d’avenir – fait de loisir, de lecture, de musique ; « que les maris qui ne peuvent se passer de pieds de porc à la Sainte-Menehould aillent en manger au restaurant et qu’ils remercient le ciel d’avoir épousé une femme raisonnable, qui sait se refuser à un esclavage abrutissant et garder ainsi quelque loisir » ! Tant pis pour les bas morceaux, qui réclament du travail, et vive les côtes de veau.
Ces réflexions sont suivies d’une bibliographie commentée débutant avec Brillat-Savarin, si bien qu’on a l’impression de lire une parodie malicieuse d’un ouvrage savant – en même temps que des réflexions bien trempées et tout à fait modernes. Citant Thomas More, elle anticipe l’avenir : bientôt, la société sera organisée de telle façon qu’on « ne verra plus, à chaque étage, dans chaque appartement, une femme vouée aux fourneaux, qu’elle ait ou non le goût et la capacité des choses gastronomiques », mais « les femmes mariées, semblables à celles d’Utopie, auront un métier à l’extérieur », tandis que les repas seront préparés dans des cuisines collectives – ou, à tout le moins, par l’ensemble de la famille. Sous ses abords techniques, cette méthode est un des textes les plus virulents de Marie Delcourt, qui appelle à s’attaquer « au parasitisme masculin ».
Enfin, sur le tard, dans un article intitulé tout simplement « Misogynie 1965 », l’helléniste, devenue professeur émérite, analyse avec sarcasme « l’éternelle misogynie », à commencer par celle d’Homère, concluant ainsi les propos d’Achille sur Briséis : « Quoi qu’il arrive à Adam, c’est en tout cas la faute à Ève. » Devançant l’essor des women’s studies, elle en appelle à écrire l’histoire de la misogynie et met tout de suite en garde contre les interprétations hâtives en prenant l’exemple des tragédies d’Euripide ; si les propos misogynes y abondent, ce sont in fine les femmes qui l’emportent chez le grand tragique : « Alceste domine Admète, Médée domine Jason, Clytemnestre et Iphigénie jugent de haut les piètres ruses d’Agamemnon et de Ménélas ainsi que la pleutrerie d’Achille, et combien les remords de Phèdre sont humainement supérieurs au pharisaïsme d’Hippolyte ! » Plaute et Térence trouvent également grâce à ses yeux, qui accablent les femmes mais leur donnent raison à la fin. Chez Molière en revanche, pas un seul propos misogyne : Marie Delcourt sauve même les Femmes savantes. En quelques paragraphes, elle inverse la lecture qui voudrait faire de la marche du monde un long mouvement vers l’émancipation féminine, et après avoir nuancé la prétendue misogynie des Anciens, elle s’attaque à celle de ses contemporains, toujours par le biais de la littérature. Simenon : misogyne « jusqu’au délire » ; la femme est absente de chez Camus et les autres romanciers « l’invitent, sans plus, à se supprimer ». Mais elle ne s’en tient pas à la seule littérature, car la misogynie non plus ne s’y cantonne pas, elle est omniprésente dans la presse et influe, analyse l’helléniste, sur le travail des femmes – on hésite à recruter, influencé par ces clichés. Avec Marie Delcourt, le monde réel n’est jamais loin, et les ponts entre l’Antiquité et le monde moderne constants. Et elle ne se limite pas au constat, fût-il subtil : pragmatique, elle pose la question des solutions. La réponse, à nouveau, a trait à l’économie : pour sa part, elle écrit aux journaux qui se moquent des femmes au volant, rappelant les statistiques qui prouvent que les femmes causent et subissent moins d’accidents que les hommes – après tout, les femmes aussi sont des clientes de ces journaux, et il faudrait peut-être enfin songer à ne pas leur déplaire. Mais – effet de l’âge ? – elle ne croit pas à la disparition de la misogynie contemporaine, dans laquelle elle voit une rançon de l’émancipation des femmes : « les femmes ne sont plus exclues des études, de la vie politique ; elles gagnent moins mal leur vie ; on leur donne, au départ, plus de chances. Cela se paie ».
Cette réflexion, Marie Delcourt la publie dans une revue relativement confidentielle, le Bulletin de la fédération belge des femmes diplômées des universités. Mais à la différence des nombreuses femmes qui subissent cette misogynie en silence, Marie Delcourt, qui a passé sa vie à écrire, dispose d’une tribune considérable dans le grand quotidien belge Le Soir.
L’éditorialiste et l’éditrice scientifique
Cette collaboration avec le journal, commencée juste avant la Seconde Guerre mondiale et rapidement interrompue, reprit à la fin de sa vie de professeur, en 1960. Si les dix dernières années de sa vie – elle meurt le 11 février 1979 – elle ne publie quasiment plus que des comptes rendus, elle est de 1960 à 1970 particulièrement prolixe. Ayant achevé sa carrière universitaire et accédé à l’éméritat, n’ayant plus de cours à assurer, ayant de plus en plus de mal à se déplacer, elle s’adonne à des travaux de recherche de grande envergure, dont l’édition et la traduction de la correspondance d’Érasme, qui paraît en 1968, et la traduction complète d’Euripide dans la Pléiade, en 1969. Mais c’est dans ses chroniques publiées dans Le Soir qu’elle se révèle le mieux. Elle s’adresse alors à un public autrement plus large, les lecteurs du grand quotidien, et sur des sujets extrêmement variés. Sa plume acérée, son art de la concision et son goût pour les rapprochements éclairants entre l’Antiquité et le monde contemporain s’y épanouissent pleinement. Ses contributions sont publiées en première page, dans la rubrique « Faits et opinions » : débarrassée des contraintes pesantes des publications académiques, qu’au demeurant elle maîtrisait fort bien, elle fait entendre sa voix, avec un goût de la formule et un talent pour la pointe qui rend la lecture de ses articles savoureuse (« On fabrique en série des lecteurs de Tintin », écrit-elle à propos de la méthode globale). Si son érudition lui offre l’entrée en matière, l’Antiquité n’est pas au coeur de ses chroniques, où l’on retrouve son souci de l’enseignement (« Des égards pour les maîtres », « Bâtir en hommes », sur l’architecture des lieux d’enseignement), le statut des femmes (« Bachofen et le matriarcat », dans lequel elle se gausse de la lecture féministe contemporaine de Bachofen), mais aussi le sport, comme dans son article sur les techniques du corps chez les Anciens où elle s’amuse à les peindre en joyeux amateurs : « J’ai l’impression qu’en piscine un de nos champions battrait le divin Ulysse ».
Parfois aussi, il faut bien le reconnaître, c’est une vieille dame d’un autre temps que l’on entend. Dans « Mère Europe », elle évoque « la force du génie occidental » et écrit à propos du Japon, en fin de compte relativement épargné : « Alors qu’en Europe il y eut croissance harmonieuse, il n’y eut ailleurs qu’acquisition, plus ou moins massive, plus ou moins aisée. Ce n’est pas au Japon que le déséquilibre fut le plus grand entre la civilisation existante et l’apport européen. On ne peut pas dire de lui ce qui est vrai de peuples précocement arrêtés : qu’ils ont aujourd’hui la tête dans le XXe siècle et les pieds dans le néolithique. » C’est dans l’articulation de l’intelligence pratique et de l’intelligence théorique qu’elle voit l’origine de ce « génie occidental » : ailleurs, au mieux, l’un va sans l’autre – ce qui lui permet de reconnaître le génie pratique des Égyptiens en matière d’architecture et celui théorique des « hindous » en mathématiques. Curieusement, pour une historienne, elle ne s’intéresse guère à l’histoire politique de ces pays et à son rôle dans le développement et la diffusion de leur génie. Au fond, ils ne l’intéressent guère : c’est l’Europe qui l’intéresse, une Europe « du Sud et de l’Ouest », peut-être moins par européocentrisme que parce que c’est une europhile convaincue.
De la même manière, en matière de littérature, elle préfère, on l’a vu, la littérature classique à la contemporaine – classique au sens large, certes, de l’Antiquité grecque au XIXe siècle français – et la littérature française, c’est-à-dire, pour elle, d’écrivains formés au latin – à la littérature mâtinée de belgicismes. Du reste, elle considère que les écrivains contemporains sont d’affreux misogynes. Il serait intéressant de savoir ce qu’elle pensait vraiment des romans de son époux ; même si l’on dispose d’une abondance de sources intimes qui nous permettent d’approcher au plus près la personnalité de cette grande dame, épistolière prolixe, il n’est pas sûr qu’on puisse jamais répondre à cette question. Alexis Curvers rappelle, dans un hommage à son épouse, qu’elle était « secrète par nature » et gardait pour elle le « plus profond de ses pensées ». Il l’accompagnera jusqu’à la mort, le 11 février 1979, comme elle l’avait soutenu toute sa vie.
Suggestions bibliographiques
Archives Franz Cumont
http://www.academiabelgica.it.cloud.seeweb.it/archiviocumont/
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Crahay, Roland, s.v. Marie Delcourt, Nouvelle biographie nationale, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1994, t. 3, p. 118-122.
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in Femmes Savantes
Ed. Les Belles Lettres