Le précédent Trésor de Persée a mis en avant un très bel article de Véronique Boudon-Millot sur la « fortune exceptionnelle d’un adage pseudo-hippocratique : ‘Que ton aliment soit ta meilleure médecine !’ », signe de la grande postérité qu’a connu le médecin de Cos jusqu’à nos jours. Considéré comme le ‘père de la médecine’, c’est la version originale de son très célèbre Serment que La Vie des Classiques vous propose aujourd’hui de lire.
1a. Ὀμνύω Ἀπόλλωνα ἰητρὸν καὶ Ἀσκληπιὸν καὶ Ὑγείαν καὶ Πανάκειαν καὶ θεοὺς πάντας τε καὶ πάσας, ἵστορας ποιεύμενος, ἐπιτελέα ποιήσειν κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμὴν ὅρκον τόνδε καὶ ξυγγραφὴν τήνδε· 1b. ἡγήσασθαί τε τὸν διδάξαντά με τὴν τέχνην ταύτην ἶσα γενέτῃσιν ἐμοῖσι καὶ βίου κοινώσασθαι καὶ χρεῶν χρηΐζοντι μετάδοσιν ποιήσασθαι· καὶ γένος τὸ ἐξ αὐτέου ἀδελφεοῖς | ἶσον ἐπικρινέειν ἄρρεσι· 1c. καὶ διδάξειν τὴν τέχνην ταύτην, ἢν χρηΐζωσι μανθάνειν, ἄνευ μισθοῦ καὶ ξυγγραφῆς, παραγγελίης τε καὶ ἀκροήσιος καὶ τῆς λοιπῆς ἁπάσης μαθήσιος μετάδοσιν ποιήσασθαι υἱοῖσί τε ἐμοῖσι καὶ τοῖσι τοῦ ἐμὲ διδάξαντος καὶ μαθητῇσι ξυγγεγραμμένοισί τε καὶ ὡρκισμέ- νοισι νόμῳ ἰητρικῷ, ἄλλῳ δὲ οὐδενί. 2. Διαιτήμασί τε πᾶσι χρήσομαι ἐπ ̓ ὠφελείῃ καμνόντων κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμήν·ἐπὶ δηλήσει δὲ καὶ ἀδικίῃ εἴρξειν κατὰ γνώμην ἐμήν. 3. Οὐ δώσω δὲ οὐδὲ φάρμακον οὐδενὶ αἰτηθεὶς θανάσιμον, οὐδὲ ὑφηγήσομαι ξυμβουλίην τοιήνδε·ὁμοίως δὲ οὐδὲ γυναιξὶ πεσσὸν φθόριον δώσω. 4. Ἁγνῶς δὲ καὶ ὁσίως διατηρήσω βίον ἐμὸν καὶ τέχνην ἐμήν. 5. Οὐ τεμέω δὲ οὐδὲ μὴν λιθιῶντας, ἐκχωρήσω δὲ ἐργάτῃσιν ἀνδράσι πρήξιος τῆσδε. 6. Ἐς οἰκίας δὲ ὁκόσας ἂν ἐσίω, ἐσελεύσομαι ἐπ ̓ ὠφελείῃ καμνόντων ἐκτὸς ἐὼν πάσης ἀδικίης ἑκουσίης καὶ φθορῆς τε τῆς ἄλλης καὶ ἀφροδισίων ἔργων ἐπί τε γυναικείων σωμάτων καὶ ἀνδρείων ἐλευθέρων τε καὶ δούλων. 7. Ἃ δ ̓ ἂν ἐν θεραπείῃ ἢ ἴδω ἢ ἀκούσω ἢ καὶ ἄνευ θεραπείης κατὰ βίον ἀνθρώπων, ἃ μὴ χρή ποτε ἐκλαλέεσθαι ἔξω, σιγήσομαι ἄρρητα ἡγεύμενος | εἶναι τὰ τοιαῦτα. 8. Ὅρκον μὲν οὖν μοι τόνδε ἐπιτελέα ποιέοντι καὶ μὴ ξυγχέοντι εἴη ἐπαύρασθαι καὶ βίου καὶ τέχνης δοξαζομένῳ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις ἐς τὸν ἀεὶ χρόνον, παραβαίνοντι δὲ καὶ ἐπιορκοῦντι τἀναντία τουτέων. |
1a. « Je jure par Apollon médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, et par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, d’exécuter, selon ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat ; 1b. (Je jure) de considérer d’abord mon maître en cet art à l’égal de mes propres parents ; de mettre à sa disposition des subsides et, s’il est dans le besoin, de lui transmettre une part de mes biens ; de considérer sa descendance mâle à l’égal de mes frères ; 1c. et de leur enseigner cet art, s’ils désirent l’apprendre, sans salaire ni contrat ; de transmettre les préceptes, les leçons orales et tout le reste de l’enseignement à mes fils et à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un contrat et un serment, suivant la loi médicale, et à nul autre. 2. J’utiliserai tout le régime pour l’utilité des malades selon ma capacité et mon jugement ; mais si c’est pour leur perte ou pour une injustice à leur égard, (je jure) d’y faire obstacle selon ma conscience. 3. Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l’initiative d’une telle suggestion. De même, je ne remettrai pas non plus aux femmes un pessaire abortif. 4. C’est dans la pureté et la piété que je passerai ma vie et exercerai mon art ; 5. Je n’inciserai pas non plus les malades atteints de lithiase, mais je laisserai cela aux hommes spécialistes de cette intervention. 6. Dans toutes les maisons où je dois entrer, je pénétrerai pour l’utilité des malades, me tenant à l’écart de toute injustice volontaire, de tout acte corrupteur en général, et en particulier des relations sexuelles avec les femmes ou les hommes, libres ou esclaves. 7. Tout ce que je verrai ou entendrai au cours du traitement, ou même en dehors du traitement, concernant la vie des gens, si cela ne doit jamais être répété au-dehors, je le tairai, considérant que de telles choses sont secrètes. 8. Eh bien donc, si j’exécute ce serment et ne l’enfreins pas, qu’il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l’éternité. En revanche, si je le transgresse et me parjure, que ce soit le contraire de cela. » |
Hippocrate, Serment
In Le Serment – Les Serments chrétiens – La Loi
C.U.F., Les Belles Lettres
ed.et trad. Jacques Jouanna