Originaire de Syracuse, Théocrite (IIIe siècle av. J.-C.) est l'un des plus célèbres (et des plus difficiles) poètes grecs de l'Antiquité. Ses Idylles, ensemble de poèmes divers allant de la bucolique au conte épique en passant par le mime lyrique ou dramatique, ont récemment fait l'objet d'une nouvelle traduction aux Éditions Gallimard par Pierre Vesperini, avec qui nous nous sommes récemment entretenus. La Vie des Classiques vous propose aujourd’hui de lire le début de l'Idylle II, plus connue sous le titre "Les Magiciennes", dans sa très belle traduction : délaissée par son amant Delphis, la magiciennes Samaitha cherche à le faire revenir...
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Où sont mes lauriers ? Allons, Thestylis. Où sont les Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. Les grains d'orge brûlent. Eh, verse, Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. Delphis m'a fait souffrir : moi, pour Delphis, je brûle Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. Maintenant je sacrifie les cosses de blé. Et toi, Artémis, Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. Voilà : silence sur la mer, silence dans les airs ; Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. Comme, la déesse aidant, je fais fondre cette cire, Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. Je fais trois libations, et trois fois, déesse, je dis ces mots : Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. En Arcadie pousse l'hippomane Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. Delphis a perdu ce bout de manteau : Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. Je broie le lézard ; je lui porterai demain une boisson Thestylis, prends ces poisons, pétris-les à la nuit, Tourne, torcol, conduis-moi mon homme. |
Théocrite, Les Magiciennes et autres idylles, "Les Magiciennes", v.1-63
© Collection Poésie, Gallimard, 2021
trad. Pierre Vesperini