Voici le testament d'Aristote tel que transmis par Ptolémée « al-Gharïb » et disponible depuis peu dans la collection Budé.
[31] Je fais d’Antipatros mon exécuteur pour toujours, pourtout ce que je laisse.
[32] Jusqu’à ce que Nicanor soit de retour, qu’Aristomène, Timarque, Hipparque et Diotélès soient chargés de veiller à ce qu’il faut, de prendre soin de ce qui le doit, pour ce qui touche aux miens, à ma servante Herpyllis, à toutes mes servantes et mes esclaves et à ce que je laisse. S’il est facile et possible à Théophraste de se tenir avec eux pour cela, qu’il soit avec eux.
[33] Quand ma fille sera nubile, que Nicanor en dispose. S’il se produisait qu’elle vienne à mourir avant de se marier ou après son mariage sans qu’elle n’ait d’enfant, ce qui la regarde revient à Nicanor, ainsi que ce qui regarde mon fils Nicomaque, et le testament que je lui adresse est qu’il agisse en cela comme cela serait souhaitable et convenable d’un père ou d’un frère.
[34] Et s’il se produisait que Nicanor vienne à mourir avant de prendre ma fille en mariage ou après l’avoir prise en mariage sans qu’elle n’ait d’enfant, que Nicanor fasse un testament au sujet de ce que j’ai laissé, celui-ci sera valide et effectif.
[35] Et si Nicanor mourait sans testament, et qu’il soit possible à Théophraste de prendre sa place et qu’il le souhaite, qu’il le fasse pour tout ce qui regardait Nicanor touchant à mon fils et au reste de ce que j’ai laissé. Et s’il ne souhaite pas le faire, que les exécuteurs que j’ai nommés s’adressent à Antipatros et qu’ils le consultent sur ce qu’ils doivent faire de ce que j’ai laissé et qu’ils mènent à bien les choses comme ils s’en seront mis d’accord.
[36] Que les exécuteurs et Nicanor respectent ma parole envers Herpyllis, car elle mérite cela de moi, pour ce que j’ai pu constater de sa prévenance à mon égard, de la façon dont elle m’a servi, pour ses efforts eu égard à ce qui m’agréait, et qu’ils veillent à ce qu’elle ait tout ce dont elle a besoin. Si elle souhaite se marier, qu’elle ne soit confiée qu’à un homme de bien. Qu’on lui paie, outre ce qu’elle possède déjà, un talent d’argent (soit 125 raṭl), et trois dames de compagnie de son choix, en plus de la servante qu’elle a déjà et de son garçon. Si elle souhaite séjourner à Chalcis, qu’elle ait pour logement, dans ma maison, la maison d’hôte du côté du jardin. Mais si elle souhaite avoir son logement en ville à Stagire, qu’elle loge dans la maison de mes pères. Quel que soit le logis qu’elle choisira, que les exécuteurs fassent en sorte qu’elle ait ce dont elle dit avoir besoin, de ce qui leur paraît lui être profitable et nécessaire.
[37] Quant à mes gens et à mon fils, je n’ai pas besoin de recommander par testament qu’on leur assure protection et qu’on prenne soin de leurs affaires.
[38] Que Nicanor ait soin du garçon Murmex, en sorte de le renvoyer dans son pays, avec tout ce qui lui appartient, dans l’état qui soit à notre image.
[39] Que ma servante Ambracis soit affranchie et si, après son affranchissement, elle reste au service de ma fille jusqu’au mariage de celle-ci, qu’on lui paie 500 dirhams (drachmes) et sa servante.
[40] Qu’on paie à Thalê la jeune esclave que nous avons récemment acquise un garçon parmi nos gens et 1000 drachmes.
[41] Qu’on paie à Simos le prix d’un garçon à acheter pour lui en plus du garçon dont il a déjà payé le prix, et qu’on lui offre aussi autre chose selon l’avis des exécuteurs.
[42] Lorsque ma fille se mariera, que l’on affranchisse mes garçons Tachon, Philon, Olympios et que l’on ne vende pas le fils d’Olympios ni quiconque parmi les garçons qui m’ont servi, mais qu’ils demeurent mes gens dans le service jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge adulte. Et quand ils l’atteindront, qu’ils soient affranchis et qu’on en dispose pour ce qu’on leur offrira selon leurs mérites.