La Vie des Classiques vous propose aujourd’hui, suite à la dernière chronique anachronique en forme d’O, une fable d’Hygin. Avec pour titre « Les premiers inventeurs », elle aborde notamment un sujet sur lequel nombre d’Anciens ont écrit, chacun y allant de son hypothèse : l’origine de l’alphabet. Et si Hérodote, dans ses Histoires (V, 58), affirme que les Grecs tiennent leurs lettres des phéniciens (en les modifiant quelque peu toutefois), d’auteurs auteurs, tel Hygin, leur attribuent une tout autre origine…
Parcae Clotho, Lachesis, Atropos inuenerunt litteras graecas septem, A, B, H, T, I, Y <…> Alii dicunt Mercurium, ex gruum uolatu, quae cum uolant literas exprimunt. Palamedes autem Nauplii filius inuenit aeque literas undecim <…> Simonides literas aeque quatuor, Ω, E, Z, Φ, Epicharmus Siculus literas duas, Π et Ψ. Has autem graecas Mercurius in Aegyptum primus detulisse dicitur, ex Aegypto Cadmus in Graeciam, quas Euandrus profugus ex Arcadia in Italiam transtulit, quas mater eius Carmenta in latinas commutauit numero XV. Apollo in cithara, caeteras adiecit. |
Les Parques, Clotho, Lachésis, Atropos, inventèrent sept lettres grecques, A, B, H, T, I, Y <…>. D’autres disent que c’est Mercure, sur le modèle du vol des grues, qui dessinent les lettres en volant. Quant à Palamède, fils de Nauplius, il inventa également onze lettres <…> Simonide également quatre lettres, Ω, E, Z, Φ, Épicharme de Sicile, deux lettres, Π, Ψ. Ces lettres grecques, c’est Mercure, dit-on, qui les fit passer le premier en Égypte, Cadmus, d’Égypte en Grèce, et Évandre, dans sa fuite, les fit passer d’Arcadie en Italie, et sa mère Carmenta les changea, au nombre de quinze, en lettres latines. Apollon, à la cithare, ajouta les autres. |
Hygin, Fables, CCLXXVII, 1-2
C.U.F., Les Belles Lettres
ed. et trad. Jean-Yves Boriaud