(1) C'est un étonnement pour toi, j'imagine, que ces abeilles si finement peintes, dont toutes les parties, la trompe, les pieds, les ailes se laissent si bien distinguer, qui présentent la même disposition, la même variété de couleurs que dans la nature. Pourquoi ne sont-elles pas dans leur ruche, ces sages ouvrières? Pourquoi viennent-elles dans une ville? Elles se pressent joyeusement aux portes de Daiphantos (car Pindare est déjà né, comme tu vois) pour former l'enfant dès le berceau, pour lui donner le goût de la mélodie et du chant. Elles sont à l'œuvre.
(2) L’enfant repose sur le laurier et sur des branches de myrte, son père conjecturant qu'il lui était né un enfant sacré; en effet la maison avait retenti du bruit des cymbales, à sa naissance; on avait entendu le tambour de Rhéa; on disait encore que les Nymphes unies par la main avaient dansé en son honneur et que Pan s'était mis à sauter; plus tard, dit-on, quand Pindare fut poète, le dieu, cessant de danser, chanta les vers de Pindare. (3) La statue de Rhéa, habilement travaillée, a été placée près des portes; je m’imagine voir une statue en vrai marbre, tant la peinture a bien reproduit la dureté de la pierre, et, pour ainsi dire, les marques du ciseau! L'artiste a représenté les Nymphes humides de rosée et comme sortant de leurs sources. Pan danse je ne sais sur quel rythme; son visage est radieux ; ses narines nerespirent pas la colère. A l'intérieur de la maison, les abeilles empressées autour de l'enfant lui versent le miel sur les lèvres, rentrant leur aiguillon, de peur de le piquer. Elles viennent sans doute de l'Hymette et d'Athènes, la ville brillante, la ville au poétique renom8; le miel qu'elles distillent sur la bouche du poète se sentira de cette origine.
Philostrate, La Galerie de tableaux, livre II, XII : « Pindare »