A l’origine les épigrammes, sont, littéralement, des écrits (grammata) sur (épi) les murs, les tablettes, un post-it, un sms et quel que soit le support. Des textes simples et ciselés avec mica salis et gutta fellis (avec un grain de sel et une goutte de fiel) par le génial Martial. En voici quelques-unes tirées de la nouvelle édition des Epigrammes par Sophie Malick-Prunier dans la CUF.
IX
Tu veux passer pour quelqu’un d’important,
Cotta, et de mignon ;
mais être mignon, Cotta,
c’est toujours être un minus.
X
Gemellus veut épouser Maronilla.
Il la veut, insiste, implore, fait des cadeaux.
Elle est si belle ? Pas du tout ! On ne fait pas plus hideux !
Qu’est-ce qui l’attire, alors, et lui plaît tant ? Sa toux.
XXXII
Je ne t’aime pas, Sabidius,
et ne saurais dire pourquoi ;
tout ce que je saurais dire est là :
je ne t’aime pas.
XXXIII
Pour son défunt père, Gellia n’a pas une larme, quand elle est seule ;
que quelqu’un soit là, et c’est un jaillissement lacrymal sur commande66.
Qui cherche la louange, Gellia, n’a pas de chagrin :
celui-là souffre vraiment, qui souffre sans témoin.
Et voici le texte latin pour les plus téméraires !
IX
Bellus homo et magnus uis idem, Cotta, uideri :
sed qui bellus homo est, Cotta, pusillus homo est.
X
Petit Gemellus nuptias Maronillae
et cupit et instat et precatur et donat.
Adeone pulchra est ? Immo foedius nil est.
Quid ergo in illa petitur et placet ? Tussit.
XXXII
Non amo te, Sabidi, nec possum dicere quare :
hoc tantum possum dicere, non amo te.
XXXIII
Amissum non flet cum sola est Gellia patrem,
si quis adest iussae prosiliunt lacrimae.
Non luget quisquis laudari, Gellia, quaerit,
ille dolet uere qui sine teste dolet.