Voici quelques remèdes antiques contre les lendemains de fête issus de A la table des Anciens, par Laure de Chantal !
CONTRE LA GUEULE DE BOIS, par Plutarque
Aristénète de Nicée dit qu’il se souvenait d’avoir lu quelque part que le jus de raisin mélangé au vin dissipait l’ivresse; et aussi que certains médecins recommandaient à ceux qui avaient trop bu de vomir, puis de manger, au moment d’aller dormir, du pain trempé dans du miel. Si donc les substances sucrées atténuent les effets du vin pur, il est naturel que le vin nouveau n’enivre point, aussi longtemps qu’il conserve sa douceur.
Nous louâmes fort la sagacité de ces jeunes, qui, au lieu de s’arrêter aux arguments communs, avaient su en produire de plus personnels. Car les raisons les plus simples et auxquelles on pourrait d’abord songer sont la lourdeur du vin doux, d’après Aristote, laquelle accélère son passage à travers l’estomac, et la grande quantité d’air et d’eau qu’il contient; si le premier de ces éléments s’échappe immédiatement de force, le second ne peut que rendre le vin moins fort. Avec le temps, cependant, la concentration augmente, à mesure que disparaît cet élément aqueux, de sorte que le vin acquiert en force ce qu’il perd en volume.
Propos de table, III, 7
DIGESTIFS, par Caton
REMÈDE POUR LA DYSPEPSIE ET LA STRANGURIE
Quand le grenadier fleurira, recueillez-en des fleurs, mettez-en trois mines dans une amphore; ajoutez un quadrantal de vin vieux et une mine de racines de fenouil propre broyées; scellez l’amphore et au bout de 30 jours, ouvrez et utilisez. Quand vous voudrez bien digérer et uriner, buvez-en à volonté; aucun danger. Ce même vin expulsera complètement ténias et vers, si vous l’apprêtez ainsi: on prescrit de ne pas dîner; le lendemain, broyez une drachme d’encens, et ajoutez une drachme de miel cuit et un setier de vin à l’origan. Donnez à jeun et, à un enfant, eu égard à son âge, trois oboles et une hémine de vin; que le patient monte sur une pile, qu’il saute dix fois et qu’il marche.
IL FAUT DÉBARRASSER LE VENTRE DE CETTE FAÇON
Si vous voulez bien vous débarrasser, prenez une marmite, mettez-y six setiers d’eau, et mettez dedans un pied de porc ; si vous n’avez pas de pied, mettez un morceau de jambon d’une demi-livre, le moins gras possible ; quand il commencera à être cuit, ajoutez deux tigelles de chou, deux tigelles de bettes avec leur racine, un rejet de fougère, un peu de mercuriale, deux livres de moules, un poisson chabot, un scorpion, six escargots et une poignée de lentilles. Faites cuire le tout jusqu’à réduction à trois setiers de bouillon ; n’ajoutez pas d’huile ; prenez un setier tiède de ce bouillon, ajoutez un cyathe de vin de Cos, buvez, reposez-vous entre temps, ensuite, recommencez de la même façon une seconde fois, puis une troisième : vous vous purgerez bien. Et si vous voulez, en plus, boire du vin de Cos étendu d’eau, il vous sera permis d’en boire. De tous ces ingrédients mentionnés, un seul n’importe lequel, peut débarrasser le ventre ; mais la raison de tant d’ingrédients, c’est de bien vous débarrasser, et cela est agréable.
De l’agriculture, 157