Touchez, goûtez, voyez, entendez, quelle sera la surprise classique de la journée ?
Du 1er au 24 décembre, retrouvez chaque jour un extrait des Classiques, à lire et/ou à écouter !
FURTIVES OEILLADES ET MURMURES CÂLINS
Un coup d’oeil, rapide ou appuyé, est un baiser chaste. Paul le Silentiaire le regrette et, à tout prendre, préférerait être un petit moustique pour vrombir au creux de l’oreille de sa bien-aimée. Cultivant le détail selon le goût de la poésie alexandrine, ces deux épigrammes sont aussi gracieuses que piquantes.
DE PAUL LE SILENTIAIRE
Jusques à quand, cachant nos regards enflammés, nous lancerons-nous l’un à l’autre de furtives oeillades ? Déclarons ouvertement notre tourment, et si quelqu’un s’oppose au lien des étreintes où s’oublient les peines, une épée sera pour tous deux le remède: il est plus doux de posséder en commun pour toujours ou la vie ou la mort.
DE MÉLÉAGRE
Prends-moi ton vol, cousin, sois mon rapide messager et, effleurant à peine l’oreille de Zénophila, murmure-lui ces mots: « Il ne dort pas, lui, il t’attend ; et toi, oublieuse de ceux qui t’aiment, tu dors ! » Hop, vole ; allons, musicien, vole. Mais parle-lui tout bas de peur de réveiller aussi son compagnon de lit, dont tu déchaînerais à mon sujet le jaloux ressentiment. Si tu m’amènes ma petite amie, je te ceindrai d’une peau de lion, cousin, et te donnerai à la main une massue à porter.
Épigrammes, V, 221 et 152,
C.U.F., Les Belles Lettres,
trad. Pierre Waltz