A l'occasion de la journée hommage à Marcel Détienne, voici une conférence sur les religions de la Grèce ancienne (Annuaires de l'École pratique des hautes études, Année 1974, vol. 84, pp. 279-284).
"Le projet de ce séminaire qui doit se déployer sur plusieurs années — est de chercher à organiser un domaine de la mythologie où la femme mène le jeu, de manière à cerner quelques-uns des lieux où s'exaspère l'antagonisme entre le masculin et le féminin. L'histoire des Danaïdes en fournit le détail, car elle s'inscrit entre deux gestes d'apparence l'égorgement des mâles au cours de leur antithétique nuit de noces et l'institution de la fête des Thesmophories, inséparable de la conception politique des épouses légitimes et de la reproduction de la cité par elle-même. Deux autres histoires traversent la première. L'une venant de l'horizon des Thesmophories où règnent les Femmes-Abeilles, tirant l'humanité de la sauvagerie, détournant les hommes de manger de la viande et de se manger entre eux, et découvrant le miel ainsi que les vêtements tissés et la pudeur sans lesquels le mariage sanctionné par Déméter ne peut s'établir. Or c'est dans le même voisinage des Abeilles que s'impose, à travers quelques récits mythiques, l'image de femmes seules, à l'écart de leurs époux, couvertes du sang des animaux sacrifiés et égorgeant bruyamment l'homme venu troubler leurs cérémonies secrètes. L'autre histoire appartient à la tradition d'Orphée : une bande de femmes formant cercle autour d'un homme seul, l'égorgeant ou le mettant en pièces. Or cet homme, sans arme autre qu'un instrument de musique, est précisément le maître du miel..."
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