Tournés vers l’idéal et souvent peu fortunés, les philosophes sont volontiers des ascètes. Comment se nourrissaient Socrate, Pythagore ou Diogène? Porphyre de Tyr donne quelques exemples. (texte à tretrouver dans A la table des Anciens de Laure de Chantal)
Orphée dans son poème rejette toute nourriture carnée avec horreur. Je rapporterais la frugalité de Pythagore, de Socrate, d’Antisthène et des autres; mais cela serait long et réclamerait un ouvrage particulier. Voici du moins Antisthène: maître prestigieux de rhétorique, il entendit une discussion conduite par Socrate sur la pauvreté et, diton, déclara à ses disciples: « Allez vous chercher un maître, pour moi, je l’ai trouvé ». Aussitôt il vendit ce qu’il avait et en distribua le prix au peuple, sans se réserver rien d’autre qu’un petit manteau. Sa vie pauvre et laborieuse est attestée par Xénophon dans le Banquet, mais aussi par les innombrables livres de philosophie ou de rhétorique qu’il a écrits. Il eut pour disciple le très fameux Diogène, qui sut triompher du roi Alexandre et vaincre la nature humaine. Antisthène, en effet, qui ne voulait garder aucun de ses disciples, ne parvenait pas à éloigner Diogène attaché à le suivre: il finit par le menacer du bâton, s’il ne s’en allait pas. Mais lui, dit-on, offrit sa tête baissée en disant: « Nul bâton ne sera assez dur pour pouvoir me séparer de ta suite ». Satyros, auteur des Histoires des hommes illustres, rapporte que Diogène portait contre le froid un manteau double, qu’il avait une besace pour garde-manger, tenait à la main, en raison de sa grande faiblesse, un bâton dont il soutenait ses membres déjà vieux, et qu’il avait reçu des gens le nom de Hêmerobios, lui qui ne quémandait sa nourriture à qui voulait la lui donner et ne la recevait qu’au jour le jour. Il habitait les entrées couvertes des portes des villes et les portiques, et, comme il résidait dans une jarre qu’il faisait tourner, il disait en plaisantant qu’il avait une maison tournante qui se modifiait selon les saisons. Par temps froid, en effet, il dirigeait l’ouverture de la jarre vers le midi, et l’été vers le nord ; et, quelle que fût la hauteur du soleil, la guérite de Diogène suivait le mouvement. Il avait pour boire un gobelet de bois, lorsqu’il vit un enfant boire dans le creux de sa main : alors, dit-on, il le brisa sur
le sol en disant : « je ne savais pas que j’avais déjà une coupe naturelle ».
De l’abstinence, IV, 22