Traversez le mois de décembre avec les miracles des Anciens et des Modernes !
Du 1er au 24 décembre, découvrez chaque jour un extrait miraculeux d’un auteur antique ou un texte original d’un philologue moderne.
Pour moi, un miracle de l’Antiquité grecque consiste en sa capacité à absorber les meilleures innovations des autres. Ce fut notamment le cas pour l’adoption de nombreux savoirs venue d’Egypte (comme la géométrie) ou de la Babylonie (comme l’astronomie).
Dans les tables astronomiques babyloniennes indiquant la position des astres et des constellations dans le ciel, il fallait parfois spécifier l’absence de nombre, comme par exemple : « 48 degrés, pas de minute, 37 secondes ». Cela revenait en quelque sorte à écrire ce qu’on appelle aujourd’hui le zéro (alors même que le zéro n’était pas encore considéré comme un nombre) : « 48 degrés, 0 minute, 37 secondes ». Les babyloniens inventèrent ainsi des symboles cunéiformes pour indiquer cette absence de nombre pour éviter l’ambiguïté de l’absence de signe. En effet « 48 37 » risquerait de se lire « 48 degrés, 37 minutes » alors qu’on voulait indiquer « 48 0 37 ».
Les Grecs de Babylonie, durant la période séleucide (après la conquête d’Alexandre le Grand), ont eu le génie d’adopter la numération positionnelle des astronomes babyloniens pour constituer des tables. Les Grecs ont tout naturellement adapté cette notation en utilisant la première lettre du mot « rien », oudên en grec. C’est donc la lettre omicron qui fut utilisée dans de très nombreux papyrus astronomiques, surmontée d’un petit trait sous diverses formes :
Ce symbole n’eut pas de succès auprès des mathématiciens grecs mais... indiens : et c’est à partir de ce symbole que fut créé « notre » zéro, tel que nous l’écrivons aujourd’hui, en Inde, puis repris par les mathématiciens arabes puis arrivé dans l’Occident du XIIe siècle.
Ainsi, notre 0 doit sa forme à la lettre omicron et c’est ce qui explique que, dans les codes Wifi par exemple, on confonde si facilement les O et les 0 !
Tables lunaires ; on voit, en bas à droite, le symbole du zéro positionnel grec. P. Lund Inv. 35a, recto. Digital Corpus of Literary Papyri.
Pour en savoir plus : Antoine Houlou-Garcia, Il était une fois le zéro, Alisio, 2023