Traversez le mois de décembre avec les Anciens !
Du 1ᵉʳ au 24 décembre, laissez-vous emporter par la sagesse intemporelle des textes antiques. Chaque jour, découvrez une citation bilingue, soigneusement sélectionnée et traduite, accompagnée d’un éclairage unique par celles et ceux qui font et qui transmettent l'Antiquité aujourd'hui.
Oὔτοι συνέχθειν, ἀλλὰ συμφιλεῖν ἔφυν.
« Je ne suis pas faite pour partager la haine, mais l’amour. »
(Sophocle, Antigone, v. 523 ; trad. pers.)
Telle est la réponse d’Antigone à son oncle Créon, chef de Thèbes, qui lui reproche d’avoir inhumé son frère Polynice, traître à la patrie, en dépit de ses ordres formels. La jeune fille ose opposer aux lois de la cité ce que nous appellerions aujourd’hui une clause de conscience, fondée sur des « lois divines » qui dépassent les interdictions du pouvoir en place. Elle paiera de sa vie cet acte de résistance au service de l’humain et l’affirmation de son absolue liberté. Ce n’est sans doute pas un hasard si cette phrase est mise dans une bouche féminine, étrangère aux logiques guerrières : Créon le sent bien, qui lui rétorque : « moi vivant ce n’est pas une femme qui commandera ».
Les mots d’Antigone résonnent encore aujourd’hui sans avoir rien perdu de leur force ni, hélas, de leur pertinence. Haters de tous les pays, oppresseurs liberticides du monde entier, lisez Sophocle !
Jean-Paul Plantive