Traversez le mois de décembre avec les Anciens !
Du 1ᵉʳ au 24 décembre, laissez-vous emporter par la sagesse intemporelle des textes antiques. Chaque jour, découvrez une citation bilingue, soigneusement sélectionnée et traduite, accompagnée d’un éclairage unique par celles et ceux qui font et qui transmettent l'Antiquité aujourd'hui.
Ἀστέρας εἰσαθρεῖς ἀστὴρ ἐμός. Εἴθε γενοίμην
οὐρανός, ὡς πολλοῖς ὄμμασιν εἰς σὲ βλέπω.
« Tu contemples les astres, mon Aster. Puissé-je être
le ciel, pour te regarder avec d’innombrables yeux ! »
(Platon in Anthologie palatine, VII, 669 ; trad. pers.)
Attribuée à Platon, cette épigramme résonne comme un hommage amoureux délicat et poétique. Le jeu de mots entre ἀστήρ (« l’astre, l’étoile ») et un éventuel Ἀστήρ (« Aster ») – le nom supposé de l'élève dont il aurait été épris – tisse un lien subtil entre astronomie et affection. La métaphore est limpide : l’étoile, objet de contemplation céleste, devient le symbole de l’être aimé, placé au firmament du regard.
Platon esquisse en deux vers une rêverie : il aspire à devenir le ciel lui-même, infini et omniprésent, pour embrasser son étoile d’un regard sans fin. Se dessine alors un jeu de réciprocité : tout comme Aster contemple les astres, les astres « regardent » Aster. Le poète rêve d’incarner cette parfaite symétrie, se confondant avec le ciel pour devenir à la fois celui qui voit et celui qui est vu. Cette image déploie ainsi toute la richesse d’un amour où se mêlent désir, admiration, jalousie et impossibilité – autant d’élans que la poésie sublime sans jamais les résoudre.
Ces mots, d’une saisissante simplicité, touchent encore aujourd’hui par leur universalité : ils rappellent l’émerveillement face à l’être aimé, éternellement comparé à une lumière dans l’obscurité de nos existences.