Traversez le mois de décembre avec les Anciens !
Du 1ᵉʳ au 24 décembre, laissez-vous emporter par la sagesse intemporelle des textes antiques. Chaque jour, découvrez une citation bilingue, soigneusement sélectionnée et traduite, accompagnée d’un éclairage unique par celles et ceux qui font et qui transmettent l'Antiquité aujourd'hui.
Mereor pro crimine poenam,
te feriente tamen, non ut mendicus Iason
situ index, […] tuus qui criminis auctor
ipse fuit […].
« Je mérite un châtiment pour ma faute, il est vrai, mais frappe-moi sans choisir comme instrument de ta vengeance ce misérable Jason qui fut précisément l’instigateur de ma faute. »
(Dracontius, Poèmes profanes, X – Médée, v. 417-420 ; trad. Étienne Wolff)
Ce propos, emprunté au poète latin chrétien du Ve siècle de notre ère Dracontius, rappelle que les mythes n’ont pas été cloisonnés à la plus haute Antiquité, de telle sorte qu’ils sont évoqués, durant l’Antiquité tardive, par le rhéteur africain Dracontius, en une terre où florissent alors les écoles de rhétorique. Les mythes ont dans ce cadre une fonction exemplaire : ils peuvent être évoqués comme autant d’anecdotes permettant de nourrir les discours des rhéteurs. Ainsi, le propos prononcé par Médée constitue le matériau propice à une réflexion sur le concept de culpabilité : elle revendique sa faute, mais elle n’a pas agi pour son compte. Plus encore : les actions qu’elles a effectuées concernent davantage Jason, illustrant tout l’écart qui peut exister entre force pensante et force agissante dans le domaine juridique. Bien vivace durant l’Antiquité tardive, le mythe de Médée est alors encore le témoin des nombreuses réécritures dont il a pu être l’objet, aussi bien antiques, avec la Médée de Sénèque, que contemporaines, avec Manhattan Medea de Dea Loher, œuvres qu’explorent les chroniques hebdomadaires Les Lauréats et En route pour les lauriers, disponibles sur le site de La Vie des Classiques.