Lettres Classiques estivales – Cicéron (Jour 2)

23 juillet 2024
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Image : Lettres Classiques estivales - Cicéron
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Pour échanger des nouvelles, les Anciens ne disposaient ni de réseaux sociaux, ni de cartes postales, mais ils pouvaient s’envoyer des lettres longues et travaillées dont certaines sont des chefs d’œuvre de simplicité et de sincérité. Tout au long de l’été, nous vous en proposons une sélection qui changera votre regard sur le quotidien des Anciens et, nous l’espérons, vous donnera envie d’écrire et de partager vos souvenirs de vacances avec ceux qui vous sont chers.

Sélection par Laure de Chantal, Dorian Flores et Dorian Furet

 

La vie du plus fameux des écrivains romains déborde de rebondissements, car cet avocat brillant fut de tous les combats, tant judiciaires que politiques ou philosophiques. Né à Arpinum, dans un municipe éloigné d’une centaine de kilomètres de Rome, Cicéron (106-43 av. J.-C.) voit le jour dans une famille de notables. Toutefois, comme Caton l’Ancien, qu’il admire, Cicéron est un « homme nouveau » (homo novus) : il est le premier de sa lignée à parcourir la carrière des honneurs jusqu’à son degré le plus élevé, le consulat, qu’il exerce en 63. Sa très riche correspondance nous le fait découvrir dans l’intimité tel qu’il devait être avec ses proches. Cicéron écrit à son frère d’une de ses 11 villas, sans compter les 9 pieds-à-terre qui lui servaient de relai-étape en chemin. En parallèle au mouvement d’extension de la puissance romaine et du développement des villes, se fait sentir le besoin d’un retour à la campagne pour y retrouver la nature, pour « toucher terre », voire méditer : au premier siècle av. J.-C., tous les néo-philosophes rêvent d’avoir leur propre jardin d’Épicure en miniature. Cicéron ne fait pas exception, et nous le découvrons en propriétaire méticuleux veillant à la joliesse d’un enduit, au rendement du chauffe-eau et à l’inspection du jardin.

 

(lettre précédente)

Astura, 14 mars 45.

Sans doute, cet endroit est charmant, en plein dans la mer, et visible à la fois d’Antium et de Circei. Mais je dois examiner de quelle façon, à travers tous les changements de propriétaires qui peuvent se multiplier à l’infini dans la suite illimitée des siècles, pourvu que notre État reste debout, cet édifice pourra demeurer pour ainsi dire consacré. Pour ma part, je n’ai plus besoin de revenus et suis homme à me contenter de peu. Je songe parfois à acheter des « jardins » sur la Rive droite, avant tout pour la raison suivante : je ne vois aucun emplacement susceptible d’être aussi fréquenté. Lesquels choisir ? Nous verrons cela ensemble, à la condition expresse que le sanctuaire soit terminé cet été. De toute façon, arrange-toi avec Apellas de Chio pour les colonnes. […]

(lettre suivante)

Cicéron, Correspondance, 595 (= Att., XII, 19),
« Editio minor », Les Belles Lettres,
trad. Léopold-Albert Constans, Jean Bayet et Jean Beaujeu