Lettres Classiques estivales – Cicéron (Jour 3)

24 juillet 2024
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Image : Lettres Classiques estivales - Cicéron
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Pour échanger des nouvelles, les Anciens ne disposaient ni de réseaux sociaux, ni de cartes postales, mais ils pouvaient s’envoyer des lettres longues et travaillées dont certaines sont des chefs d’œuvre de simplicité et de sincérité. Tout au long de l’été, nous vous en proposons une sélection qui changera votre regard sur le quotidien des Anciens et, nous l’espérons, vous donnera envie d’écrire et de partager vos souvenirs de vacances avec ceux qui vous sont chers.

Sélection par Laure de Chantal, Dorian Flores et Dorian Furet

 

La vie du plus fameux des écrivains romains déborde de rebondissements, car cet avocat brillant fut de tous les combats, tant judiciaires que politiques ou philosophiques. Né à Arpinum, dans un municipe éloigné d’une centaine de kilomètres de Rome, Cicéron (106-43 av. J.-C.) voit le jour dans une famille de notables. Toutefois, comme Caton l’Ancien, qu’il admire, Cicéron est un « homme nouveau » (homo novus) : il est le premier de sa lignée à parcourir la carrière des honneurs jusqu’à son degré le plus élevé, le consulat, qu’il exerce en 63. Sa très riche correspondance nous le fait découvrir dans l’intimité tel qu’il devait être avec ses proches. Cicéron écrit à son frère d’une de ses 11 villas, sans compter les 9 pieds-à-terre qui lui servaient de relai-étape en chemin. En parallèle au mouvement d’extension de la puissance romaine et du développement des villes, se fait sentir le besoin d’un retour à la campagne pour y retrouver la nature, pour « toucher terre », voire méditer : au premier siècle av. J.-C., tous les néo-philosophes rêvent d’avoir leur propre jardin d’Épicure en miniature. Cicéron ne fait pas exception, et nous le découvrons en propriétaire méticuleux veillant à la joliesse d’un enduit, au rendement du chauffe-eau et à l’inspection du jardin.

 

(lettre précédente)

Rome, 12 et 15 février 56.

Marcus à son frère Quintus, salut.

[…] Je t’écris ces lignes le 12 février avant le jour : je dois aujourd’hui dîner chez Pomponius à l’occasion de son mariage. Quant au reste, notre situation est conforme à ce que tu me prédisais sans que, en général, je voulusse te croire : nous sommes en grande considération et grand crédit ; et cela, mon cher frère, c’est ta patience, ton courage, ton dévouement, ton amabilité aussi qui nous l’ont rendu à l’un et à l’autre. On a loué pour toi la maison de Pison, près du bois sacré, celle qui lui vient des Licinii ; mais j’espère que tu pourras emménager dans la tienne peu de mois après le 1er juillet. Ta maison des Carines a été louée par les Lamia : ce sont des locataires propres. Je n’ai reçu aucune lettre de toi depuis celle que tu m’as écrite d’Olbia. Que fais-tu ? quelles sont tes distractions ? je voudrais le savoir, et surtout je voudrais te revoir au plus tôt. Prends soin, mon cher frère, de ta santé, et quoique l’on soit en hiver, n’oublie pas que tu es en Sardaigne. 15 février.

(lettre suivante)

Cicéron, Correspondance, 102 (= Q. fr., II, 3, 7 sqq.),
« Editio minor », Les Belles Lettres,
trad. Léopold-Albert Constans, Jean Bayet et Jean Beaujeu