À l’occasion de la parution, aux éditions Les Belles Lettres, de Un été de culture G pour toute la vie, le dernier ouvrage de Florence Braunstein et Jean-François Pépin, nous vous proposons cette semaine d’en lire quelques belles pages. Découvrez aujourd’hui un extrait du cinquième chapitre, intitulé « Écrire, parler, échanger », et plus spécifiquement de la première partie « Des tablettes de cire, des codex, des livres ».
L’idée d’une bibliothèque universelle, comme celle d’Alexandrie, n’est apparue que lorsque l’esprit grec a commencé à envisager et à englober une vision du monde plus large. Mais la gloire en revient à Ptolémée Ier Sôter, « le Sauveur », roi d’Égypte de 305 à 283, celle d’avoir construit au IIIe siècle av. J.-C., à Alexandrie, la plus grande bibliothèque de cette époque. Des textes y furent rassemblés, venus de partout, et traduits. De fabuleuses histoires ont circulé sur les efforts que les Ptolémée allaient entreprendre dans leur chasse avide de livres. Une méthode à laquelle ils auraient eu recours aurait été de fouiller tous les navires qui entraient dans le port d’Alexandrie. Si un livre était trouvé, il était emporté à la bibliothèque afin de le confisquer ou de le remplacer par une copie faite sur place.
L’exemple fut imité par d’autres dynasties hellénistiques, les Attalides à Pergame, IIe siècle av. J.-C. D’après les sources, la bibliothèque contenait quelque 200 000 volumes. Elle était composée de quatre salles placées perpendiculairement à une galerie. Ses murs portaient des étagères dont on voit encore au mur les trous de fixation.
Varron, à l’époque où César lui demanda de créer une grande bibliothèque publique à Rome, nous apprend que, lorsque Ptolémée et Eumène, en pleine rivalité pour leur bibliothèque, après que le premier eut interdit l’exportation de papyrus, le parchemin fut inventé à Pergame, et c’est le mot pergamin qui a donné en français celui de « parchemin »…
L’histoire des bibliothèques de l’Antiquité ne fut en fait qu’une chaîne de fondations, de refondations et de catastrophes. Après Alexandrie, il y eut Pergame, Antioche, Rome. Les Romains, à la fin du règne de Constantin, construisent également des bibliothèques. En 377, Rome comptait 28 bibliothèques. Certains particuliers comme Scipion, Sylla, Lucullus, sont connus pour avoir un nombre impressionnant d’ouvrages. La basse Antiquité et le Moyen Âge sont marqués par plusieurs étapes dans le monde du livre et celui des bibliothèques.
Le monde romain s’impose comme structure politique unique à l’origine, mais la division entre l’Empire romain d’Orient et l’Empire d’Occident, à partir de 330, puis la montée en puissance de Constantinople, conduisent à la date fatidique de 395, où il sera définitivement séparé, à la mort de Théodose Ier. Puis tout aussi notable pour l’avenir des livres et des bibliothèques sont l’arrivée des barbares en Occident et celle des Arabes au Proche- Orient, au VIIe siècle.
Florence Braunstein et Jean-François Pépin, Un été de culture G pour toute la vie, p. 269-270,
Les Belles Lettres, 2023