Les premiers textes qu’on propose à l’helléniste débutant sont souvent ceux dans lesquels Lucien de Samosate met en scène le panthéon traditionnel. Il s’agit en général des Dialogues des dieux et des Dialogues des morts, mais il y a aussi, dans la même veine, Zeus confondu, Zeus tragédien, le Jugement des déesses, l’Assemblée des dieux, les Dialogues marins… Lucien y présente les dieux sous un jour irrévérencieux : amoureux, jaloux, farceurs, voleurs, poltrons, querelleurs, vantards, menteurs – bref humains, trop humains…
Or ce serait une erreur de voir une impiété dans ces représentations parodiques. L’accusation de blasphème existe pourtant dans la religion grecque, mais à l’occasion d’actes très graves, et elle est fréquemment liée à des manœuvres politiques. Nous en avons un exemple fameux quand en 415 avant J.-C., Alcibiade et ses amis furent accusés d’avoir mutilé les statues d’Hermès qui marquaient les carrefours et d’avoir parodié les Mystères d’Eleusis...