Tibère
L'empereur mal-aimé
Les multiples péripéties inhérentes à la guerre civile dont fut victime le jeune Tibère ne pouvaient que produire sur sa personne un choc durable. À l’âge de quarante ans, il choisit volontairement et pour des motifs incertains de quitter Rome afin de séjourner à Rhodes.
Le principat de Tibère, le plus long de l’Empire, après celui d’Antonin le Pieux (138-161), est nimbé de mystère et divise les Modernes. Certains d’entre eux suivent aveuglément les récits des auteurs antonins, qui en donnent une image très négative, tandis que d’autres tombent dans le piège de la réhabilitation forcée, en passant sous silence des pans entiers de la littérature antique. Contrairement à Auguste, l’exercice du pouvoir l’angoissait. Il fut par ailleurs un éternel insatisfait et un être tourmenté. Moult affaires, parmi lesquelles le complot de Séjan, préfet du prétoire, et l’intrigue d’Agrippine l’Aînée, mère de Germanicus, le fragilisèrent. Après s’être débarrassé de la tutelle maternelle, puis s’être leurré sur les desseins du chef des cohortes prétoriennes, son existence ne fut plus jamais la même. Installé à Capri, à l’écart des regards, il ne revint plus à Rome. L’image de Tibère se dégageant de la lecture de nombreux auteurs anciens, celle d’un princeps misanthrope, dépravé et vindicatif, n’en est pas pour autant fondée.
Christophe Burgeon, rattaché à l’Université de Louvain, est l’auteur de plusieurs monographies et articles scientifiques notamment consacrés aux guerres puniques, à Domitien et à Trajan.