Des élèves du Lycée La Bruyère de Versailles racontent... VIII. Adeline, Marin, Laura & Alexis

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Chaque semaine, des élèves du lycée La Bruyère de Versailles racontent leur rapport aux langues anciennes, leur lien si particulier à ces langues que l'on étudie de moins en moins...

Paroles

Rendez-vous à Orly 

A l’aube du samedi 

Le Colisée sous la pluie 

Jupiter nous a punis

Attisés par les vendeurs de toges industrielles 

Semblables à des sacs poubelles 

Polychromes ou multicolores

La question se pose encore 

La famine dans nos estomacs 

Assouvie par la pizza 

Mon petit prince détrempé 

Garde les traces du périple effectué.

Virtute duce comite fortuna 

La fortune pour compagne et le courage pour guide 

Déambulons dans les rues de Rome 

Scandant les vers d’Ovide 

Suivant les pas des grands hommes 

Les sites antiques 

Accompagnés de chants lyriques 

A tester toutes les acoustiques 

S’entremêlent modernité et historique 

Un ciel ensoleillé et un soleil céleste 

On n’est pas restés en reste 

Dans tous les musées 

On apprend mais on s’amuse surtout 

Nombre de fous-rires

Resteront dans nos souvenirs 

Virtute duce comite fortuna 

La fortune pour compagne et le courage pour guide 

On a déambulé dans les rues de Rome 

Scandant les vers d’Ovide 

Suivant les pas des grands hommes 
 

Nous éclairant de Tarquinia à Cerveteri 

Une sagesse acquise et transmise 

Nos professeurs, nos exemples et nos guides 

Ont toujours comblé les vides

Par une once de poésie 

Jusque sur les vestiges d’Ostie

Où une course endiablée 

Nous a tous courbaturés

Nous affalant alors 

Face à la mer couleur d’or 

Virtute duce comite fortuna 

La fortune pour compagne et le courage pour guide 

On a déambulé dans les rues de Rome 

Scandant les vers d’Ovide 

Suivant les pas des grands hommes.

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Une chanson crée par :

Adeline G.

Marin M.

Laura DS

TL

À propos d’un voyage à Rome en Novembre 2018.

Que m'apportent les langues anciennes ?

Combien de fois ai-je eu à répondre à cette question, à presque devoir me justifier d'avoir choisi ces enseignements ? Faire du latin et du grec rime dans l'esprit de beaucoup avec « finir tard », « vivre entre les quatre murs d'une bibliothèque poussiéreuse » ou bien encore « s'évertuer à étudier des langues mortes ».

Souvent bien las face à ces préjugés, il me semble utile d'y répondre aujourd'hui. Mais d'y répondre par la finesse et la justesse d'un court propos.

Le latin et le grec apportent tant de choses qu'il me serait difficile de toutes les nommer. Je m'astreins donc à ne donner ici que les apports les plus importants de ces deux langues. Je dirai, en premier lieu, que les langues anciennes apportent une richesse inestimable du vocabulaire, de la syntaxe, de la langue et de la culture des écrits. C'est ainsi toujours un réel plaisir que de comprendre la signification d'un mot français, son écriture et son évolution par le savoir du grec et/ou du latin. De retrouver dans les poèmes de Louise Labé, de Ronsard et de Du Bellay, le rythme et les thèmes des textes antiques de Catulle, d'Ovide ou d'Homère.

Les langues anciennes sont aussi vecteurs de rencontres et d'échanges que ce soit avec d'autres élèves, avec nos professeurs ou encore avec des universitaires venus du monde entier. Le latin et le grec peuvent ici apparaître comme de vulgaires outils de prétention.

Mais il me semble qu'ils sont au contraire des trésors que nous partageons à chaque instant. Ils riment avant tout avec partage.

Apport qui se traduit également dans la beauté de la langue. Qu'y a-t-il de mieux que de finir une longue journée par la langoureuse scansion du distique élégiaque ou bien par la lecture d'héroïques épopées de Thrace, de Béotie, du Péloponnèse ou de la mer Égée ? Étudier les langues anciennes c'est aussi s'extasier devant la magnificence de l'écriture dont nous avons hérité. C'est se plaire à déchiffrer pendant de longues heures de cours, des lignes entières de mots, à elles seules pleines de savoir et d'histoire. C'est prendre le peu de temps libre qu'il reste à nos journées pour tracer sur le papier ces écritures millénaires, toujours si belles à regarder.

Je repense aussi en écrivant ce texte aux mots de mon professeur de latin en classe de seconde, qui nous disait souvent que cette matière faisait de nous des femmes et des hommes libres. Ô combien avait-elle raison en nous disant cela. Je dirai donc, pour reprendre ses termes, que les langues anciennes nous apportent une certaine forme de liberté. Liberté de voir le monde autrement, de déchiffrer les comportements, les habitudes, les beautés et les noirceurs de ce monde avec un savoir différent de celui des autres. C'est par exemple, mieux comprendre la jalousie humaine en pensant aux disputes des Dieux de l'Olympe ou encore s'intéresser au principe de démocratie en se souvenant des grands et beaux discours de Cicéron face au Sénat.

Faire du latin et du grec, c'est aussi voir ô combien nos aïeux des temps antiques nous ont laissé des clés pour comprendre notre monde actuel qui n'est finalement pas si différent du leur. Tous les mots que j'utilise ici peuvent sembler exagérés, ou sortir de la bouche d'un vieil aigri dépité face aux moqueries dont son savoir est victime. Mais ces paroles sont celles d'un élève, d'un jeune de 16 ans qui affirme ce savoir, cette richesse et cet héritage et qui est aujourd'hui fier de le porter comme tant de ses camarades de classe. Ces apports des langues anciennes que nous défendons, nous les présentons fièrement aux autres tant ils sont multiples, riches et beaux.

Je souhaite conclure et m'en retourner à mes traductions d'Homère et Cicéron, sur ces quelques mots de Victor Hugo qui disait que « la pensée est le labeur de l'intelligence, la rêverie en est la volupté ». Voilà ce que m'ont apporté et que m'apportent encore aujourd'hui les lettres classiques : la pensée et la rêverie de l'esprit.

Alexis H. – 1L – Spécialité LCA grec – LCA latin en option.

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