Le retour des Titans – Métis

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Parlez-vous Titan ? Peut-on comprendre les Titans ? Les personnages les plus vieux et costauds de la mythologie sont tous les jours dans nos discours. Adrien Bresson et Laure de Chantal traquent les paroles des Titans et des Titanides dans la langue française.

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1. Qui est Métis ?

La Titanide Mètis est la fille des divinités Océan et Thétys. Elle est la personnification de la sagesse et de la ruse, en plus d’être la première femme de Zeus, avant même Héra. Alors que Gaïa, ancêtre de Zeus, avait prédit qu’un fils de Mètis supplanterait son père, dans l’incertitude de l’identité de son enfant à venir, Zeus prend alors la décision d’avaler Mètis. Elle vit ensuite pour l’éternité dans les entrailles de Zeus et l’aide à discerner le bien du mal. L’enfant qu’attendait Mètis n’est autre qu’Athéna, dont la gestation se poursuit jusqu’à ce qu’elle sorte, en armes, du crâne de son père.

 

2. Qui nous parle de Métis ?

L’histoire de Mètis, telle qu’elle vient d’être racontée, est rapportée par Hésiode, poète grec du VIIIe ou du VIIe siècle avant notre ère, dans sa Théogonie, qui s’intéresse à la succession des générations divines, jusqu’à aboutir à la formation du panthéon des dieux. Ainsi, Hésiode aborde le personnage de Mètis, dont le nom est d’ailleurs traduit par « Prudence » dans le texte auquel nous nous référons, et que nous choisissons de ne pas maintenir, préférant employer le nom originel de la Titanide. Voici l’histoire de Mètis comme Hésiode la livre dans sa Théogonie, v. 886-900 :

« Et Zeus, le roi des dieux, pour épouse d’abord prit Mètis, qui sait plus de choses que tout dieu ou homme mortel. Mais, au moment même où elle allait enfanter Athéna, la déesse aux yeux pers, trompant traîtreusement son cœur par des mots caressants, Zeus l’engloutit dans ses entrailles, sur les conseils de Terre et de Ciel Étoilé. Tous deux l’avaient conseillé de la sorte, pour que l’honneur royal n’appartînt jamais à autre qu’à Zeus parmi les dieux toujours vivants. De Mètis en effet le destin voulait que des enfants sortissent sages entre tous – et la vierge aux yeux pers d’abord, Tritogénie, qui de fougue et de sagesse vouloir à part égale avec son père. Mais Mètis devait enfanter ensuite un fils au cœur violent qui eût été roi des hommes et des dieux, si Zeus auparavant ne l’eût engloutie au fond de ses entrailles, afin que la déesse toujours lui fît connaître ce qui lui serait soit heur soit malheur. »

Hésiode, Théogonie, Paul Mazon trad., v. 886-900, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 1928.

Dans cet extrait, Hésiode souligne la tromperie de Zeus à l’égard de Mètis, une tendance que la Titanide, douée de ruse et de sagesse, pourra tâcher de juguler.

 

3. Quelle est l'étymologie de Métis ?

Sur le plan étymologique, Mètis est une antonomase, c’est-à-dire que la Titanide est désignée par le nom commun féminin μῆτις (mètis) qui recoupe ses qualités. La μῆτις désigne en effet une sagesse habile et efficace qui peut tendre vers la ruse. Ce terme rentre en composition de plusieurs mots grecs, comme πολύμητις (polumètis), épithète d’Ulysse qui signifie « aux mille ruses ». C’est bel et bien cette idée de ruse et de sagesse qui caractérise la Titanide, capable d’aider Zeus, depuis ses entrailles, à discerner le bien et le mal.

La racine de μῆτις est μῆτ-. Elle porte le sens originel de la mesure, ce que l’on retrouve dans l’idée d’une sagesse mesurée pour parvenir à la ruse. Le suffixe -τις, lui, est l’indicateur d’un agent et désigne, ici, l’action associée à la mesure, c’est-à-dire le fait de penser de manière mesurée.

 

4. Que reste-t-il de Métis aujourd'hui ?

En français, on retrouve la racine μῆτ- dans plusieurs termes comme le « mètre », l’unité de mesure, qui est également présent en composition dans le mot « métronome », dont le suffixe -nome vient du grec νόμος (nomos) qui signifie « la loi ». Le « métronome » donne donc la règle de mesure du rythme.

Il serait toutefois fallacieux d’avoir dans l’idée que la Titanide Mètis aurait un quelconque lien avec l’adjectif « métis.se », qui désigne un enfant donc les parents ont des origines géographiques et culturelles différentes l’un de l’autre. Ce « métis.se » ci vient du latin mixtus qui signifié « mélangé », ce qui n’est au demeurant pas sans rappeler le mélange de la Titanide Mètis avec Zeus.

À ce titre, sur les représentations iconographiques, et notamment sur la céramique, elle est régulièrement figurée par les Grecs sous les traits d’un petit personnage caché sous le siège de Zeus, signe qu’une fois ingérée elle est à la fois la sagesse et la ruse modérée qui habitent le roi des dieux.

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