La chronique Les dieux sont parmi nouspointe la « survie » des dieux, des héros et des mythes de l’Antiquité, dans les domaines les plus variés de la vie quotidienne, de la culture populaire, de la publicité, du cinéma, de l’art moderne, de la bande dessinée, de l’urbanisme, de la technologie ou de la science (astronomie, médecine)...
Décidément, nos jeunes filles, fussent-elles des déesses, ne sont plus en sécurité. Il y a peu, un groupe de copines était parti cueillir, dans les prés qui bordent l’Océan, crocus, jonquilles et narcisses, ingrédients indispensables à la confection des guirlandes et couronnes qui accompagnent le printemps.
La princesse Koré et les filles d’Océan riaient et faisaient les folles comme il est d’usage en ces occasions.
Voilà que surgit un véhicule noir, tiré par quatre chevaux couleur de nuit. Un grand personnage au regard obscur tenait les rênes. Il est possible que certaines de ces jeunes filles aient eu envie de sauter à bord pour tenter l’aventure, mais la princesse Korè n’était pas de ce genre-là. Le maître du char l’a tout de même enlevée, sans un mot, et ils ont disparu.
La maman – c’est la blonde Déméter, déesse aux yeux bleus des prés, des blés et des moissons – ne s’est pas laissé faire, mais ses cris et plaintes sont restés sans écho. Le violeur cependant a voulu régulariser l’union. Il a trompé la fillette en lui offrant pour la désaltérer un grain de grenade – un seul grain, mais en acceptant étourdiment ce minuscule cadeau elle légalisait le mariage !
Pour bien des reines, le mariage est pénible, mais pour elle, c’est l’Enfer ! Traumatisée, elle a perdu la voix.
Sa mère cependant a décidé de faire grève, et là, en fin de compte, Zeus a bien dû l’écouter. Ainsi s’est organisée une sorte de garde alternée, un moindre mal. Espérons qu’ainsi chaque année les fleurs fassent espérer l’abondance des fruits, et qu’un mystérieux échange soit offert aux humains entre les promesses de la vie et les richesses de la mort.