Après le laurier, chanté par Ovide dans la dernière Chronique anachronique, La Vie des Classiques vous propose aujourd’hui de sentir un autre végétal du passé. Et s’il est vrai que « les Romains ne connaissaient, parmi les plantes du jardin, qu’un très petit nombre de fleurs coronaires », comme l’écrit Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle (XXI, 10, 14 sqq.), la rose ne leur était pas inconnue, et plusieurs espèces fleurissaient dans leurs jardins. C’est ainsi que Luxorius, poète africain du VIe siècle ap. J.-C., célèbre la luminosité et la couleur d’une rose tout à fait particulière, la rose centifolia, « aux cent pétales », dans une épigramme de l’Anthologie Latine, que nous vous proposons de lire.
366 Hanc, puto, de proprio tinxit Sol aureus ortu aut unum ex radiis maluit esse suis. Sed si etiam centum foliis rosa Cypridos extat, fluxit in hanc omni sanguine tota Venus. haec florum sidus, haec Lucifer almus in agris, huic odor et color est dignus honore poli. |
366 Le soleil d’or, je crois, lui a donné la teinte de son propre lever, ou plutôt il a voulu qu’elle soit un de ses rayons. Mais si la rose aux cent pétales appartient aussi à Cypris, Vénus entière est passée avec tout son sang en elle. Elle est l’astre des fleurs, elle est la bienfaisante étoile du matin dans les champs, son parfum et sa couleur méritent l’honneur du ciel. |
Luxorius, in Anthologie latine, 366
In Épigrammes latines de l’Afrique vandale
Coll. Fragments., Les Belles Lettres
trad. Etienne Wolff