Plaute, Epidicus, 218-235, texte établi et traduit par A. Ernout, CUF.
Périphane. – Quelle est cette autre, Épidique ?
Épidique. – Celle dont ton fils est amouraché, entiché depuis tant d’années, celle avec qui il perd au grand galop son crédit, sa fortune, sa personne, et la tienne en même temps. Elle l’attendait près de la porte.
Périphane. – Voyez l’empoisonneuse !
Épidique. – Mais avec une toilette, des bijoux, une parure ! Élégante, chic, à la mode !
Périphane. – Comment était-elle mise ? Avait-elle une robe à la royale ou à la mendiante ?
Épidique. –Une robe à l’impluvium comme elles disent, car elles ne savent quels noms inventer.
Périphane. – Comment, elle avait sur elle un impluvium ?
Épidique. – Cela t’étonne ? Comme si l’on n’en voyait pas plus d’une se promener dans les rues avec un domaine tout entier sur le dos. Quand vient l’ordre de payer le tribut, on prétend qu’on ne peut payer. Mais elles, on trouve de l’argent pour leur payer des tributs autrement lourds. Aussi chaque année, que de noms n’inventent-elles pas pour baptiser leurs nouvelles modes ! C’est la tunique transparente, la tunique épaisse, le linon à franges, la chemisette, la robe brodée, la jaune-souci, la robe safran, le vêtement de dessous et le vêtement de quatre sous, le bandeau, la royale ou l’étrangère, la vert-de-mer, celle au plumetis, la jaune-cire, la jaune-miel, et tous ces noms à vous donner la jaunisse. N’ont-elles pas été jusqu’à prendre un nom de chien ?
Périphane. – Comment ?
Épidique. – Et la robe à la Laconienne ? C’est pour tous ces beaux noms que les hommes en sont réduits à vendre leurs biens aux enchères.
Hérodote, Histoires, V, 87-88, texte établi et traduit par PH.-E. Legrand, CUF.
L’unique rescapé rejoignit Athènes où il annonça le désastre et, à cette nouvelle, les femmes des combattants envoyés contre Égine, indignées qu’il se fût sauvé seul, l’encerclèrent et le déchirèrent avec les agrafes de leurs manteaux, en lui demandant où se trouvaient leurs maris. Tel fut le sort du malheureux ; et l’acte de ces femmes aprut aux Athéniens plus terrible encore que leur revers – mais le seul châtiment qu’ils trouvèrent à leur infliger fut de leur faire adopter le costume ionien. Auparavant, les femmes d’Athènes portaient un costume dorien, semblable à celui des Corinthiennes ; on leur fit prendre la tunique de lin, pour leur ôter l’usage des agrafes.
D’ailleurs, à dire vrai, ce costume ne vient pas d’Ionie, mais de Carie : car anciennement les femmes grecques portaient toutes le même costume, que nous appelons dorien à présent. Par contre les Argiens et les Éginètes prirent alors, dit-on, une autre décision : dans les deux pays on décréta que les agrafes auraient une fois et demie leur longueur d’alors, et qu’elles seraient l’offrande spéciale des femmes dans le sanctuaire de ces déesses ; de plus, aucun objet venu de l’Attique, poterie ou autre, ne pourrait être introduit dans le sanctuaire : il serait désormais de règle d’y boire dans des coupes fabriquées sur place. Les femmes d’Argos et d’Égine portent depuis ce temps et de nos jours encore, en mémoire de leur hostilité contre Athènes, des agrafes plus longues qu’elles ne l’étaient autrefois.
Aulu-Gelle, Les Nuits Attiques, VI, 12, texte établi et traduit par R. Marache, CUF.
Il n’est pas convenable qu’un homme porte une tunique longue, lui descendant sur les bras et allant jusqu’à lui cacher les mains. Ce genre de vêtement, long et ample, ne sert qu’aux femmes pour dissimuler, comme il est décent, leurs bras et leurs jambes aux regards. Les premiers Romains ne portaient pas de tunique sous la toge, ensuite ils portèrent des tuniques près du corps, découvrant l’épaule. Scipion Émilien l’Africain portait ce genre de vêtement et reprochait tout particulièrement à Publis Sulpicius Gallus, homme raffiné, de porter des tuniques qui lui couvraient les mains.
Tertullien, Sur le manteau, IV, 9, texte traduit par A.-E. Genoude, 1852.
Maintenant jette les yeux sur les femmes. Tu verras que Cécina Sévère représenta vivement au sénat que les matrones ne devaient point paraître en public sans la stole traînante. Enfin le décret de l’augure Lentulus punit comme adultère celle qui passerait outre. Loi pleine de sagesse ! Quelques matrones romaines avaient répudié à dessein ces vêtements témoins et gardiens de la pudeur, parce qu’ils étaient un obstacle à leurs dissolutions. Mais aujourd’hui, corruptrices d’elles-mêmes, afin qu’on les aborde avec plus de liberté, elles ont proscrit la robe flottante, la ceinture, la pantoufle, le voile, et même la litière et le siège avec lesquels elles étaient toujours dans une sorte de retraite, et comme enfermées chez elles, même lorsqu’on les portait en public. Mais l’un éteint son flambeau, l’autre allume un flambeau qui n’est pas le sien. Regarde ces louves qui vivent de la lubricité publique, et ces courtisanes elles-mêmes qui font de l’artifice un trafic ou plutôt, si tes yeux ne doivent pas même s’abaisser sur ces repaires où la pudeur est immolée au grand jour, contemple-les, quoique de loin, tu y rencontreras des matrones. Et lorsque la prêtresse de ces cloaques porte des étoffes de soie ; lorsqu’elle couvre de perles sa gorge plus impure que le lieu même ; lorsqu’elle ajuste à ses mains souillées des plus abominables impuretés, des bracelets que des femmes pudiques ne voudraient pas usurper sur les héros auxquels on les donne pour récompense ; lorsque enfin elle attache à une jambe déshonnête un brodequin blanc ou des mules de pourpre, pourquoi n’arrêtes-tu point les yeux sur ces ornements, ou sur ceux qui appellent la religion au secours de leur nouveauté ?
Anthologie grecque, V, 104, texte établi et traduit par P. Waltz en collaboration avec J. Guillon, CUF.
Quitte ce réseau, lambine de malheur, et ne fais pas exprès de tourner la hanche en marchant, Lysidikê. Ton fin péplos ne t’enserre pas dans ses plis ; toute ta nudité apparaît et disparaît. Si tu trouves ce jeu spirituel, eh bien, moi aussi, j’ai là un objet bien raide, et je vais à mon tour lui mettre un voile, mais de gaze transparente.