Lettres Classiques estivales – Pline le Jeune (Jour 3)

14 août 2024
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Image : L'été postal - Pline le Jeune
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Pour échanger des nouvelles, les Anciens ne disposaient ni de réseaux sociaux, ni de cartes postales, mais ils pouvaient s’envoyer des lettres longues et travaillées dont certaines sont des chefs d’œuvre de simplicité et de sincérité. Tout au long de l’été, nous vous en proposons une sélection qui changera votre regard sur le quotidien des Anciens et, nous l’espérons, vous donnera envie d’écrire et de partager vos souvenirs de vacances avec ceux qui vous sont chers.

Sélection par Laure de Chantal, Dorian Flores et Dorian Furet

 

Pline le Jeune, avocat et homme politique romain du Ier et du début du IIe siècle de notre ère, neveu du célèbre naturaliste qui périt dans l’éruption du Vésuve, est l’auteur qui nous a le plus renseigné sur la vie durant l’Empire romain à travers dix livres de correspondances, dont un livre entièrement dédié à ses échanges de lettres avec l’Empereur Trajan. À travers cette correspondance, qu’il retravaillait avant de la faire publier, sans doute afin de laisser à la postérité un portrait vénérable de lui, Pline décrit notamment sa dernière femme, Calpurnia, comme un modèle de parfaite épouse, intelligente, fidèle et dévouée. Ces quelques lettres d’un époux à sa bien-aimée, ou au sujet de celle-ci, sont le témoin d’un amour qui, bien que peut-être quelque peu magnifié, n’en fut certainement pas moins sincère.

 

(lettre précédente)

Pline à sa chère Calpurnia

On ne saurait croire à quel point je ressens ton absence la cause ? Mon amour, tout d’abord, ensuite le fait que nous n’avons pas l’habitude d’être séparés la conséquence, c’est que je passe éveillé une grande partie des nuits, à me représenter ton image, c’est que le jour, aux heures où j’allais d’ordinaire te voir, mes pieds, comme on dit très justement, me portent d’eux-mêmes vers ton appartement, c’est qu’enfin je reviens d’une chambre vide, plein de souffrance et de tristesse, comme si on m’en avait refusé l’entrée le seul moment qui soit exempt de ces tortures est celui où je m’épuise au forum et aux procès de mes amis. Juge donc ce qu’est ma vie, si je trouve le repos dans le travail, et, dans la peine et les soucis, un soulagement. Au revoir.

(lettre suivante)

Pline le Jeune, Lettres, VII, 5,
« C.U.F. - série latine », Les Belles Lettres,
trad. Nicole Méthy