Da Capo - Cléopâtre et Cornélia

Texte :

L’opéra est encore jeune, mais de Monteverdi à Wagner, il a créé son Antiquité. En chantant le mythe et la tragédie, l’art lyrique s’invente et rêve les Anciens.

Quand Ptolémée offre à César la tête de son concurrent Pompée, il envisage de le faire éliminer par Achillas, à qui il promet la veuve de Pompée Cornélia, tout en prévoyant de se la réserver. De son côté, Cléopâtre cherche à séduire César pour se retourner contre son frère Ptolémée.

De façon beaucoup plus précise que dans les sources antiques, l'intrigue de cet opéra est liée d'emblée à la manipulation du désir et à la prédation sexuelle. Mais alors que le conflit semble dominé par les hommes, Cornélia et Cléopâtre sont en fait les vraies maîtresses du jeu. Pour Cléopâtre doublement déguisée en courtisane (Lydia), elle-même grimée en allégorie de la Vertu, César « l'astucieux chasseur » est une proie facile... À l'inverse, Cornélia incarne la véritable virtus romaine, en résistant aux agressions des conspirateurs. La sensualité de l'une et la dignité de l'autre s'expriment dans une magnifique palette d'aria di passione, superbement chantés par les jeunes interprètes du Conservatoire, dans une mise en scène aux couleurs vives et changeantes, hantée par une mystérieuse silhouette : Fortuna.

J.T.

G.F. Hændel, Giulio Cesare in Egitto (1724), mise en scène de Marguerite Borie, créée au Conservatoire national de Paris (CNSMDP), avec l'orchestre du Conservatoire, dirigé par Philipp von Steinaecker, et avec Aliénor Feix (Giulio Cesare), Iryna Kyshliaruk (Cleopatra), Paul Figuier (Tolomeo), Cyrielle Ndjiki Nya (Cornelia), Brenda Poupard (Sesto).

              Sources antiques :

–        Dion Cassius, Histoire Romaine, livre XLII, 34-44, Belles Lettres, 2002.

–        Plutarque, Vies, « Vie de César », 63-66, Belles Lettres, 1975.

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