Chaque semaine, un hypokhâgneux, du groupe de grec confirmé (ils se font rares…) ou du groupe des débutants (ils sont un peu plus nombreux…) vous livre ses impressions, et rien que ses impressions, sur les déclinaisons, les conjugaisons, le vocabulaire et la syntaxe…en toute décontraction !
CLG
Semaine 1
Allons au delà des clichés quant à son inutilité
Petit à petit, du grec découvrons la beauté
Pour que jamais il ne soit oublié
Réussirons nous cet exploit ?
En effet, latin et grec ont vu leur succès chuter
NON, jamais par les sciences nous ne les laisserons être écrasés !
Didon, ne les sous estimez pas, répétez cela après moi :
Rien ne peut arrêter le jeune helléniste
En vaillant défenseur de la langue de Socrate il résiste !
Livré aux tourments du Bailly
Englué dans les pièges de la grammaire, jamais il ne fléchit !
Gaffiot ou Hermaion sous le bras,
Ramons et apprenons de nouveau la grammaire française,
Étudions et survivons aux déclinaisons,
Choisissons la découverte des lettres classiques, pour pouvoir crâner c'est pratique !
Nous vous disons « pchitt » et à la semaine prochaine !
Émilie H811
Semaine 2
Nous avions d'abord opté pour le latin comme on décide de partir en vacances dans la région d'à côté : moyennant économie de temps, d'argent et d'ouverture d'esprit. Le latin : langue carrée, réglée au millimètre près, et terriblement prévisible ! Un choix banal et dérisoirement peu audacieux, en somme. Le professeur lui-même avait l'air de trouver notre lâcheté déplorable. Aussi après quelques heures de déclinaisons latines étions-nous convaincus de notre erreur. Catulle, Virgile, Ovide, Tite-Live, Sénèque eurent beau geindre, pleurer, sangloter, tonner, s'époumoner, se rouler par terre : rien n'y fit. « Ce pays nous ennuie ! Appareillons ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, plonger au fond du grec, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau ! » Ignorants, nous nous voyions déjà embarqués pour Troie, regrettant Ithaque avant de l'avoir quittée, affirmant nous nommer « Personne ! », caressant les ondes bleues de la mer Égée, achevant douze travaux et défiant avec bravoure les Minotaures. Pauvre élèves aveuglés de lumière, ouvrant les bras aux beautés de la grande Grèce Antique, nous croyions déjà entendre Héraclite et Parménide, et tandis que nos pieds foulaient le seuil de la caverne, nos doigts fébriles se tendaient vers les Idées de Platon ! Hélas ! Que la Grèce est piégeuse dans sa séduction !
- Vous prenez le grec en route ?
- Oui, monsieur.
- Bien. Petit récapitulatif des deux premières leçons. Souvenez-vous donc : le iota souscrit, les esprits rudes et doux sur les voyelles, les rhô, la deuxième voyelle des diphtongues. Les oxytons, les paroxytons, et enfin attention aux proparoxytons pour qui les accents se situent sur l'antépénultième ! Pensez aux oxytons suivis d'un autre mot, pour qui l'accent devient grave et marque la transformation. Périspomène, propérispomène, apprenez également les lois de limitation et de la pénultième accentuée (accent circonflexe si la finale est brève, accent aigu si la finale est longue, d'ailleurs, cela va de soi), et vous passerez aussi par les proclitiques et les enclitiques. Attention ! Jamais de hiatus ! Crase et élision ! Ne confondez pas la coronis avec l'esprit doux, sinon malheur à vous ! Upsilon ne s'élidera pas, et si ce qui s'élide est une voyelle finale brève, gare à l'aspiration de certaines consonnes ! Vous passerez par la règle d'euphonie. Pour les verbes, retenez bien : valeur aspectuelle et valeur chronologique. Aoriste, optatif, verbes thématiques et athématiques, bref, tout cela est simple. Présent actif à distinguer du présent moyen passif, etc, etc. Dans la version pour demain, vous trouverez « portes » au pluriel, mais traduisez « la porte », car la structure en est complexe.
Nous avons bien failli nous décourager. Serrons les dents, travaillons dur, car toutes ces belles choses ne se disent qu'en grec !
Nous vous disons « pchitt » et à la semaine prochaine !
Gabrielle H811