De quelle façon le monde virtuel interprète-t-il les connaissances que nous avons de l’Antiquité ? Comment, au travers des « gameplay » et des scénarios de fiction vidéo-ludique, le joueur s’imprègne-t-il des sociétés antiques au cœur desquelles l’action du jeu-vidéo le situe ? Souvent entre réalité historique et imaginaire fantasmé, Nicolas Ben Mustapha, étudiant-chercheur diplômé en histoire ancienne, nous invite à nous plonger dans ces mondes reconstitués.
Illustration : https://www.creative-assembly.com/ |
Cet équipement commence avec la galea (casque muni du protège-nuque et des protège-joues), du pilum (javelot dont le manche était en bois), qui contrairement à la lance était une arme de jet. L’équipement est ensuite composé de la lorica segmentata (armure composée de plaques de fer articulées), ici il s’agit du modèle Newstead du nom d’un fort romain qui révéla les premiers artefacts du genre. Cette cuirasse, particulièrement chère aux péplums fait souvent l’objet d’anachronismes immortalisés au cinéma. Viennent ensuite le balteus (baudrier), le gladius (glaive, fidèlement représenté suspendu à droite à l’aide du baudrier évoqué précédemment) facilement reconnaissable à sa courte taille et à sa largeur, la cingulum (ceinture), et la tunica (tunique). Le scutum (le célèbre bouclier rectangulaire orné des emblèmes romains et qui se trouvait suspendu sur le flanc gauche), d’une hauteur de 1. 10m et d’une largeur d’environ 70 cm est fidèlement reproduit d’un point de vu esthétique et physique. On reconnait le cerclage métallique destiné à protéger le bouclier des coups de taille, ainsi que l’umbo central en bois recouvert d’une couche de métal. Or comme l’atteste Michel Feugère dans son ouvrage, Les armes des Romains, ce bouclier rectangulaire tel qu’il est systématiquement représenté sur la colonne Trajane (les artistes étaient probablement soucieux de la lisibilité de leur œuvre), bien que traditionnellement mis à l’honneur sur les écrans, n’était utilisé que par certaines unités sans doute entrainées à des manœuvres particulières (la tortue peut-être). Les boucliers étaient généralement plutôt ovales et n’étaient pas uniformes. Enfin viennent les caligae (sandales) en cuir. |
Le principal reproche que l’on puisse faire aux développeurs de jeux-vidéo est l’uniformisation faite des équipements militaires ce sans doute dans un souci de clarté et de lisibilité, afin de favoriser une expérience de jeu plus fluide. Il y a aussi un effet stéréotype qui est dû autant à l’illusion de l’unicité de l’armée romaine qu’à des impératifs économiques qui favorisent la duplication des mêmes détails pour une recherche de réduction des coûts. N’oublions pas que les wargames peuvent voir s’affronter jusque 10 000 unités sur les champs de bataille.
Le joueur se retrouve à la tête d’une armée de clones, mais le légionnaire est malgré tout paré, les ennemis de Rome n’ont qu’à bien se tenir !
Nicolas Ben Mustapha
Bibliographie
FEUGERE M., Les armes des Romains de la République à l’antiquité tardive, Paris, Errance, 2002.
GILBERT F., Légionnaires et auxiliaires sous le haut-empire romain, Paris, Errance, 2006.
Vidéothèque
Stratégie tour par tour
Centurion: Defender of Rome : Electronic Arts, 1990, jeu en solo.
Stratégie en temps réel
Age of Empires: The Rise of Rome: Microsoft, 1998, jeu en multi-joueurs.
Rome: Total War: Activision, 2004, jeu en multi-joueurs.
Rome: Total War - Barbarian Invasion: Activision, 2004, jeu en multi-joueurs.
Total War: Rome II: Sega, 2011, jeu en multi-joueurs.
Wargame
Cohort: Impressions Games, 1991, jeu en solo.
Cohort 2: Impressions Games, 1993, jeu en solo.
Great Battles of Caesar: Interactive Magic, 1998, jeu en multi-joueurs.
Aventure
Astérix et Obélix XXL: Atari, 2004, jeu en solo.
Astérix et Obélix XXL 2 : Mission Las Vagum: Etranges Libellules, 2005, jeu en solo.
Beat them all
Ryse: Son of Rome: Crytek, 2011, jeu en solo.
Spartan Total Warrior: Sega, 2005, jeu en solo.