Avec la rose et la couronne de lauriers, observons grandir les classiques de demain.
Pour les adolescents d'aujourd'hui, le latin et le grec sont tout sauf des langues mortes : ils y découvrent monts et merveilles et y déchiffrent leur monde.
Nés dans un collège à Roquebrune Cap-Martin (06), Les classiques de demain poursuivent leur route, s'installent au cœur de Nice — ancienne Nikaia — et ouvrent leurs portes à des lycéens. Avec les langues anciennes, les élèves s'intéressent à l'héritage de L'Antiquité : tenant d'une seule main le passé et le présent, ils se construisent un avenir sous de meilleurs auspices. Ici, ils nous racontent leur apprentissage.
Le voyage d’Énée est un périple de la mythologie gréco-romaine qui commence tragiquement. Énée fuit la guerre accompagné de sa famille, confronté à de nombreux périples pour finalement arriver à son but et réaliser sa quête « fonder une nouvelle Troie ». Si l’histoire est bien sûr inventée, on y retrouve de troublantes similitudes, aujourd’hui, avec ce que vivent de nombreux migrants dont le voyage ne connaît pas toujours une issue heureuse.
Énée, un courageux guerrier troyen doit fuir sa patrie en proie aux flammes après la victoire des Grecs lors de la guerre de Troie. Il porte son père, Anchise, sur son dos, tient son fils, Ascagne aussi appelé Iule, par la main, et sa femme, Créüse, marche derrière eux. Cette situation est celle de nombreux migrants qui doivent, comme en Syrie, fuir un régime dictatorial ou une guerre, et dont la seule alternative pour sauver leurs vies est de fuir avec toute leur famille, avec peu ou pas d’argent.
Lors de sa fuite, Énée perd sa femme, une situation qui se rapproche de celle de certaines familles de migrants qui sont séparées soient par des décès soit par manque de moyens pour payer les passeurs et migrer ensemble.
Énée fuit son pays, avec sa famille, mais aussi avec des compatriotes à bord de bateaux. On retrouve, encore ici des similitudes avec le cas des migrants qui doivent payer des sommes colossales, parfois toutes leurs économies, pour une embarcation surchargée et peu sûre.
Énée croise aussi la route de nombreux oracles durant son voyage. Si, dans la mythologie romaine, leurs prophéties se révèlent presque toujours exactes, ce n’est malheureusement pas le cas des migrants à qui les passeurs mentent, font payer un prix démesurément élevé par rapport à la qualité de l’embarcation et, parfois, jettent les migrants à l’eau pour éviter d’être arrêtés par les autorités.
Durant son voyage, Énée a perdu de nombreux camarades, son père et beaucoup de navires dans les vents déchaînés par Éole. C’est également le cas pour les migrants dont l’issue du voyage est incertaine, de nombreuses embarcations surchargées chavirant ou coulant face aux éléments.
Avant d’atteindre une terre accueillante, Énée a dû faire face à des contrées et des peuples hostiles, comme les Harpies qui le harcelèrent dans les îles Strophades. C’est le lot des migrants qui débarquent sur des terres où ils ne sont pas toujours les bienvenus et où les habitants les harcèlent pour les faire partir.
Mais Énée finit par arriver au bout de sa quête, en Italie, où le peuple des Latins dirigé par le roi Latinus qui, grâce à la prophétie lui disant qu’un de ces étrangers apporterait la gloire à son peuple, les accueillit chaleureusement puis accepta de vivre et de partager ses coutumes avec les Troyens. C’est malheureusement là que souvent les deux histoires divergent. En effet, même arrivés sur une terre qui les accepte, les différences de culture et de langue font que les migrants, parfois seuls, ont du mal à s’intégrer.
En conclusion, si le voyage d’Énée comporte quelques similitudes sur les causes du départ et les épreuves rencontrées, avec celui des migrants, c’est une histoire inventée, idéalisée et ayant une fin heureuse, alors que la plupart des migrants meurent durant le voyage ou sont mal accueillis. Nous pouvons donc dire que de nombreuses différences subsistent entre ces deux voyages notamment sur l’accueil réservé (positif pour Énée, ce qui conduit à une réussite et le plus souvent négatif pour les migrants avec une intégration parfois ratée) par le peuple d’origine de la terre d’arrivée, c’est la limite entre l’histoire et la réalité.
Néanmoins, des associations comme SOS Méditerranée essaient de sauver la vie des migrants avec notamment l’Aquarius qui, entre février 2016 et l’été 2018, a déjà sauvé 29 000 personnes. Même si une polémique a éclaté, l’été 2018, avec le refus de l’accueil de 58 migrants de l’Aquarius, finalement ils seront répartis entre la France, l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne. On peut donc penser que tout n’est pas perdu pour les migrants et qu’il y a encore de l’espoir quant à leur accueil et leur intégration sociale.
Dixit Killian Pierron-Dellemonti 3eB